En septembre 2007, dans plusieurs villes de Birmanie, des cohortes de moines ont défilé en rangs serrés sous un soleil ardent ou une pluie battante, à la stupeur de la junte au pouvoir depuis 1962. En faisant la grève des offrandes – c’est-à-dire en refusant de recevoir leurs oboles et donc de les absoudre –, les bonzes protestaient pacifiquement, au nom du peuple opprimé contre la dictature, et défiaient ouvertement les militaires. À la mode bouddhiste. Le 27 septembre, le régime a choisi de leur répondre en faisant parler les armes : monastères et pagodes furent « nettoyés » par une répression brutale.
Pourquoi, dans ce pays singulier rebaptisé Myanmar, les moines sont-ils soudain apparus comme l’ultime recours contre l’injustice sociale et l’incurie des militaires ? Pourquoi la grève des offrandes s’est-t-elle révélée une arme politique ? Comment l’opposition démocratique s’organise-t-elle autour des bonzes ?
Il se joue un curieux bras de fer autour de la revendication par la junte d’un héritage bouddhique que refuse de lui reconnaître la communauté monastique.
De leur voyage aux portes de la Birmanie fermée, les auteurs nous racontent le silence des temples et nous rapportent les propos de moines et d’opposants exilés. Pour comprendre la révolte récente, ils nous livrent les secrets d’un pays vivant depuis trop longtemps en autarcie et s’inquiètent de son avenir.
Jean-Claude Buhrer, journaliste, et Claude B. Levenson, orientaliste et écrivain, se sont régulièrement rendus en Birmanie depuis près de quarante ans ; ils y ont rencontré à plusieurs reprises Aung San Suu Kyi. Ils sont notamment les auteurs de Aung San Suu Kyi, demain la Birmanie (Picquier poche, 2004) et de L’Onu contre les droits de l’homme ? (Mille et une nuits, 2003). Claude B. Levenson a récemment publié Tibet. La question qui dérange (Albin Michel, 2008) et Le Tibet (« Que sais-je », Puf, 2008).