Journaliste le mieux payé de Paris, Jean Lorrain, alias Paul Alexandre Martin Duval (1855-1906), aime la fête, le travestissement, le scandale. Celui qu'on appelle « le fanfaron du vice » fréquente le tout-Paris des arts, des lettres et du demi-monde, devient l'ami de Sarah Bernhardt et d'Yvette Guibert, mène une vie désordonnée. Ses provocations lui vaudront procès et duels (dont l'un, au pistolet, contre Marcel Proust en 1897).Mais Jean Lorrain n'est pas seulement un chroniqueur dont on redoute la plume méchante. Venu de Normandie comme Maupassant (qu'il croisa dans son enfance), Jean Lorrain est, avec lui, le grand nouvelliste de son temps. Réalistes ou fantastiques, ses récits décrivent un monde interlope (prostitution et inversion), gagné par l'ennui, avide de stupéfiants et de perversions de tout style. Mettant en scène des figures décadentes qui doivent beaucoup à Barbey d'Aurevilly (Monsieur Bougrelon, 1897) et à Huysmans (Monsieur de Phocas, 1901), ses romans cultivent les fleurs morbides de l'esprit fin de siècle.Les éditions Mille et une nuits ont publié, en 2002, Contes d'un buveur d'éther.