Où en est le capitalisme chinois ? Quels liens entretient-il avec les dirigeants communistes ? En même temps qu’à la modernisation, ce capitalisme va-t-il conduire à la démocratisation ? Toutes ces questions ont été au cœur des débats intellectuels sur la Chine depuis les années 2000. Pourtant, elles paraissent en décalage avec la situation actuelle. Un nouveau capitalisme d’État est en train d’émerger, fondé sur le rôle primordial d’un secteur public rénové et sur le dynamisme soigneusement circonscrit du secteur privé : sa puissance fragile est lourde de conséquence pour l’avenir de la planète.
Eminente spécialiste de la Chine dont elle suit les mutations depuis plus de quarante ans, Marie-Claire Bergère revient sur la nature hybride du régime chinois. Elle montre comment les réformes lancées depuis 1980 sont conduites de façon autoritaire par une élite dont l’objectif n’est pas de créer un système capitaliste, mais d’utiliser au mieux les ressources du marché pour développer la richesse de la Chine, renforcer sa puissance et préserver le monopole politique du Parti. Car le parti unique demeure la clé de voûte de ce système, un parti qui tire sa légitimité non plus de l’idéologie, mais de la croissance et de l’exaltation nationaliste.
Pour autant, les succès remportés par ce nouveau capitalisme d’État sont-ils durables et en font-ils un modèle transposable ? Bien des scénarios sont possibles. L’auteur opte ici pour celui d’une croissance économique persistante, même si ralentie, et du maintien d’un régime à la fois autoritaire et flexible.
Marie-Claire Bergère, professeur émérite des universités, est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire de la Chine moderne et contemporaine dont L'Âge d'or de la bourgeoisie chinoise (Flammarion, 1986), Sun Yat-sen (Fayard, 1994), Shanghai (Fayard, 2002), Capitalismes et capitalistes en Chine (Perrin, 2007).