En quelques semaines, un million de Tutsis, de Hutus du Sud, d’opposants, d’intellectuels ont été massacrés, et deux millions se sont enfuis en terre étrangère. Tout cela dans l’assourdissant silence des puissants de ce monde, qui n’avaient pourtant rien ignoré de ce qui se tramait : ni la minutieuse préparation du crime, ni l’assassinat qui le déclencha, l’attentat qui coûta la vie au président du Rwanda et à son homologue du Burundi, ni l’impuissance des Casques bleus. Il fallut attendre l’exode et l’intervention controversée de la France pour que l’opinion se réveille, s’émeuve, s’interroge.
Alors, puisque rien n’a été fait quand il était encore temps, il est bon de rappeler le fatal enchaînement du malheur, d’en éclairer les origines et le déroulement.
Afin que l’on se souvienne.
C.B.
Journaliste au quotidien Le Soir à Bruxelles, collaboratrice du Monde diplomatique, Colette Braeckman s’est spécialisée depuis quinze ans dans l’information sur l’Afrique, et plus particulièrement l’Afrique centrale. Outre de très nombreux reportages dans les zones de conflit, elle a publié Le Dinosaure : le Zaïre de Mobutu (Fayard, 1992).