Nul n'est à l'abri de l'oubli. Mais quelles sont ses incidences sur notre vie, sur nos sentiments, sur nos connaissances ? Jusqu'où les exigences de la morale et du droit nous permettent-elles d'oublier ? Dans notre société d'information où la mémoire électronique soutient et menace à la fois la mémoire humaine, où le rêve d'un savoir universel est en train de tourner au cauchemar, la sagesse ne consiste t-elle pas précisément à savoir abandonner ce qui est superflu ?
Les Grecs se représentaient l'oubli sous la forme d'un fleuve, le Léthé, qui était aussi une divinité puissante. C'est eux qui inventèrent un "art de l'oubli" tout en élaborant un art de la mémoire. Depuis Homère, le thème de l'oubli a nourri la culture de l'Occident, inspirant poètes, romanciers, philosophes. A travers leurs écrits se dessinent, plus ou moins explicitement, différentes conceptions de l'oubli : source de péché pour saint Augustin qui se reprochait son criminel " oubli de Dieu ", règle d'hygiène mentale pour Rabelais comme pour Montaigne, règle de vie amoureuse selon Casanova, condition de l'intelligence pour les hommes des Lumières... "Laissons le passé être passé", implore le Faust de Goethe, tandis que Nietzsche s'écrie "bienheureux les oublieux". Et les psychanalystes se sont à leur tour intéressés aux " dispositions secrètes de celui qui oublie ".
Toute théorie de l'oubli implique sa critique. Car l'oubli, à côté de sa dimension privée, comporte une dimension publique et politique. L'amnistie et l'oubli miséricordieux que les chrétiens associent au pardon peuvent apporter la paix. Mais l'homme doit se battre contre le danger d'amnésie des génocides, et en premier lieu celui de l'Holocauste.
Nos ordinateurs comportent une touche "efface". Mais que faut-il "effacer" ? Ce livre, qui parcourt les méandres du Léthé à travers les siècles, nous propose une profonde réflexion à ce sujet.
Harald Weinrich, après avoir enseigné la littérature comparée dans les universités de Kiel, Cologne, Bielefeld et Munich, a été titulaire de la chaire de langues et littératures romanes au Collège de France.
Les Grecs se représentaient l'oubli sous la forme d'un fleuve, le Léthé, qui était aussi une divinité puissante. C'est eux qui inventèrent un "art de l'oubli" tout en élaborant un art de la mémoire. Depuis Homère, le thème de l'oubli a nourri la culture de l'Occident, inspirant poètes, romanciers, philosophes. A travers leurs écrits se dessinent, plus ou moins explicitement, différentes conceptions de l'oubli : source de péché pour saint Augustin qui se reprochait son criminel " oubli de Dieu ", règle d'hygiène mentale pour Rabelais comme pour Montaigne, règle de vie amoureuse selon Casanova, condition de l'intelligence pour les hommes des Lumières... "Laissons le passé être passé", implore le Faust de Goethe, tandis que Nietzsche s'écrie "bienheureux les oublieux". Et les psychanalystes se sont à leur tour intéressés aux " dispositions secrètes de celui qui oublie ".
Toute théorie de l'oubli implique sa critique. Car l'oubli, à côté de sa dimension privée, comporte une dimension publique et politique. L'amnistie et l'oubli miséricordieux que les chrétiens associent au pardon peuvent apporter la paix. Mais l'homme doit se battre contre le danger d'amnésie des génocides, et en premier lieu celui de l'Holocauste.
Nos ordinateurs comportent une touche "efface". Mais que faut-il "effacer" ? Ce livre, qui parcourt les méandres du Léthé à travers les siècles, nous propose une profonde réflexion à ce sujet.
Harald Weinrich, après avoir enseigné la littérature comparée dans les universités de Kiel, Cologne, Bielefeld et Munich, a été titulaire de la chaire de langues et littératures romanes au Collège de France.