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Qu’ils ont été nombreux à venir en Suisse, ces Russes, au point que parfois ils occupaient tout l’espace, à Genève, ou à Lausanne, à Zürich aussi, où leurs jeunes gens émancipés affluaient pour étudier ! La promenade littéraire et historique de Mikhaïl Chichkine nous balade du XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui et abonde en citations inattendues de visiteurs russes de la Confédération : jeunes nobles en tournée d’apprentissage culturel comme les fils du comte Stroganov, révolutionnaires en exil comme Lénine ou encore Bakounine que vient séduire Netchaïev, le cynique «inventeur de la terreur de masse», Herzen qui est naturalisé dans le canton de Fribourg, Stravinsky qui y écrit l’Histoire du soldat avec Ramuz, Nijinski qui y meurt fou, Nabokov et Soljénitsyne qui ratent leur rendez-vous un jour de 1974 au Montreux Palace et ne se rencontreront donc jamais...

Le sujet est immense, tant est grande la place que la Suisse a tenue dans l’éducation et les rêves de la Russie. Le passage des Alpes par Souvorov reste un lieu de mémoire mythique. Le prince Mychkine arrive de Suisse à Saint-Pétersbourg au début de l’Idiot, et y retourne quand sa tentative de faire le bien en Russie a échoué. Le poète Tiouttchev voudrait y oublier la mort de son ultime et poignant amour de vieillesse, Tolstoï y écrit son sarcastique Lucerne ; les peintres russes défilent chez Calame à Genève pour apprendre à peindre les montagnes. Marina Tsvétaïéva et sa soeur séjournent à Lausanne. Plus tard le mari de Marina, enrôlé par le KGB de l’époque, organisera le meurtre d’un ancien agent soviétique dans cette même ville. À quelques pas de là s’établira un chasseur de papillons qui a écrit Lolita...

Cet ouvrage foisonnant, amusant autant qu’instructif, en dit beaucoup plus qu’il n’y paraît tant sur la Russie que sur la Suisse, et pose une question russe par excellence, récurrente dans l’oeuvre de Mikhaïl Chichkine : pourquoi le Russe se fuit-il si souvent lui-même ?