Longtemps rejeté aux marges du romantisme dont il est pourtant une figure centrale, Alexandre Dumas est, enfin, reconnu pour ce qu'il est : un prodigieux fleuve narratif, le plus grand romancier du dix-neuvième siècle, peut-être.
Éternel chasseur de gloire et d'argent, il a étendu pendant presque un demi-siècle sur l'Europe littéraire la lumière de son immense popularité. Il porte au théâtre la révolution romantique ; il invente pour instruire le peuple des romans historiques qui acquièrent la dimension de mythes littéraires, comme Les Trois Mousquetaires ou Le Comte de Monte-Cristo ; il tient en haleine les lecteurs de trois ou quatre feuilletons à la fois ; il fonde et rédige à lui seul des journaux ; dirige des théâtres.
Né quand le « siècle avait deux ans » d'un père général républicain tôt disparu, il s'engage dans tous les combats pour la liberté, de la révolution de Juillet à l'épopée garibaldienne. Il écrit sans trêve ni repos, laissant à la joie et à l'admiration de la postérité reconnaissante des milliers de pages : une oeuvre « éclatante, innombrable, multiple, éblouissante, heureuse » (Victor Hugo). Voyageur au long cours, millionnaire rongé de dettes, dissipateur magnifique, amant infatigable, ami fidèle, tendre père, ce grand dépensier a accumulé des trésors.
Il était, selon George Sand, « le génie de la vie ».
« Claude Schopp, c'est Alexandre Dumas - comme Victor del Litto c'est Stendhal. Il se souvient de tas de choses que le bel Alexandre a oubliées, des maîtresses, des livres, des têtes » (Pierre Lepape, Le Monde, 20 décembre 1996).