Brenner est le roman du cigare et de l'enfance. Rompant radicalement avec ses oeuvres antérieures, Burger y jette en effet tous les masques _ garçon d'orchestre, prestidigitateur, thanatologue privé, glaciologue, portier de nuit _ pour conter les souvenirs du petit garçon qu'il fut en Argovie, le pays du Stumpen, du bout tourné, du cigare populaire.
Toutefois, rien n'est simple dans cette mise en perspective de la mémoire, à commencer par la forme. L'oeuvre s'ouvre sur l'évocation de conversations animées avec Jérôme de Castelmur-Bondo, vénérable historien qui donne au narrateur une instruction proustienne que compléteront d'autres aficionados de Combray et de la madeleine. Puis viennent, constamment mis en parallèle, une suite de tableaux où le jeune Brenner découvre le monde, l'élucidation des présupposés du " raconter-vrai " ainsi qu'une défense et illustration du cigare.
Dans ce jeu du dévoilement, où la magie est soudain mise à nu, Burger convoque les fantômes des personnages les plus fous, les échos des scènes les plus artificieuses de son oeuvre antérieure et les assigne à leur origine banale: des expériences anodines mais fondatrices pour le petit enfant. Les coups et blessures ainsi infligés à son âme sensible devraient en faire un homme. Quand ce traitement échoue, au lieu d'un homme, la vie produit un artiste, mais à ceux dont aucune magie n'atténue la souffrance, il ne reste que la solution de se mettre définitivement à l'abri...
G.M.
Hermann Burger, né en 1942, privat-docent à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, s'est suicidé en 1989, quelques jours après la parution de Brunsleben (Brenner). Il est l'auteur, entre autres, de Diabelli, la Mère Artificielle, Blankenburg.
Toutefois, rien n'est simple dans cette mise en perspective de la mémoire, à commencer par la forme. L'oeuvre s'ouvre sur l'évocation de conversations animées avec Jérôme de Castelmur-Bondo, vénérable historien qui donne au narrateur une instruction proustienne que compléteront d'autres aficionados de Combray et de la madeleine. Puis viennent, constamment mis en parallèle, une suite de tableaux où le jeune Brenner découvre le monde, l'élucidation des présupposés du " raconter-vrai " ainsi qu'une défense et illustration du cigare.
Dans ce jeu du dévoilement, où la magie est soudain mise à nu, Burger convoque les fantômes des personnages les plus fous, les échos des scènes les plus artificieuses de son oeuvre antérieure et les assigne à leur origine banale: des expériences anodines mais fondatrices pour le petit enfant. Les coups et blessures ainsi infligés à son âme sensible devraient en faire un homme. Quand ce traitement échoue, au lieu d'un homme, la vie produit un artiste, mais à ceux dont aucune magie n'atténue la souffrance, il ne reste que la solution de se mettre définitivement à l'abri...
G.M.
Hermann Burger, né en 1942, privat-docent à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, s'est suicidé en 1989, quelques jours après la parution de Brunsleben (Brenner). Il est l'auteur, entre autres, de Diabelli, la Mère Artificielle, Blankenburg.