Par sa beauté formelle et son lyrisme, le Concerto à la mémoire d’un ange d’Alban Berg a séduit un large public, dès sa création. À sa charge émotionnelle – l’œuvre est dédiée à Manon Gropius, fille d’Alma Mahler, dont la mort à l’âge de dix-huit ans, en 1935, frappa le Tout-Vienne – s’est très vite superposée une légende : parce qu’il composa son concerto sous le choc de cette mort prématurée, et qu’il mourut soudain lui-même en décembre de la même année, Berg aurait eu en écrivant cette œuvre funèbre la prémonition de sa propre fin, composant par anticipation son requiem.
Alain Galliari démêle ici la légende et la réalité, en ouvrant sur les derniers mois de la vie de Berg des perspectives inédites : des informations biographiques et une observation fine de certains détails de la partition lui permettent de battre en brèche cette interprétation trop séduisante. Sa réflexion, associée à une empathie profonde avec l’œuvre et avec ce que Berg vécut intérieurement au long de sa dernière année de vie, révèle des prolongements bien plus riches, qui nous font mieux comprendre le bouleversement que le Concerto à la mémoire d’un ange ne cesse d’engendrer chez ses auditeurs.
Musicologue, directeur de la Médiathèque Musicale Mahler, Alain Galliari est l’auteur de Anton von Webern (Fayard, 2007) et de Franz Liszt et l’espérance du Bon Larron (Fayard, 2011). Il a également publié Richard Wagner ou le Salut corrompu (Le Passeur Editeur, 2013).