Faut-il croire ce que disent les chiffres ? Les Français sontils tous devenus des illettrés ? Selon une grande enquête internationale, parrainée par l'OCDE, 40% des Français sauraient en effet à peine lire ! Ce chiffre, invraisemblable, a déclenché toutes sortes de discours alarmistes. Les enseignants, les parents, les immigrés ont tour à tour été accusés, sans que fort s'interroge sur l'objectif de l'enquête : comparer les compétences en lecture des pays développés en soumettant des milliers de personnes aux mêmes tests. Mais qu'il s'agisse du « savoir lire » ou d'autres aptitudes individuelles, peut-on comparer des populations de langues ou de cultures différentes à partir de critères universels ?
Personne ne cherche plus à mesurer l'intelligence pour améliorer la race humaine, comme le faisaient les eugénistes au début du XXe siècle. Mais aujourd'hui comme hier, les tests de QI ou d'aptitudes en tout genre ont pour but d'évaluer les individus et de les placer sur une même échelle de compétences. C'est cette volonté de mesurer et de classer à tout prix les groupes de population que l'on retrouve dans l'enquête sur l'illettrisme. À travers cet exemple, Alain Blum et France Guérin-Pace montrent comment la multiplication des statistiques comparatives sur des faits de société de plus en plus complexes nous conduit insidieusement vers « le meilleur des mondes ».
Alain Blum et France Guérin-Pace, tous deux chercheurs à l'INED, ont été chargés par le ministère de l Éducation nationale et la Commission européenne d'une expertise sur la mesure de l'illettrisme dans les pays développés.
Personne ne cherche plus à mesurer l'intelligence pour améliorer la race humaine, comme le faisaient les eugénistes au début du XXe siècle. Mais aujourd'hui comme hier, les tests de QI ou d'aptitudes en tout genre ont pour but d'évaluer les individus et de les placer sur une même échelle de compétences. C'est cette volonté de mesurer et de classer à tout prix les groupes de population que l'on retrouve dans l'enquête sur l'illettrisme. À travers cet exemple, Alain Blum et France Guérin-Pace montrent comment la multiplication des statistiques comparatives sur des faits de société de plus en plus complexes nous conduit insidieusement vers « le meilleur des mondes ».
Alain Blum et France Guérin-Pace, tous deux chercheurs à l'INED, ont été chargés par le ministère de l Éducation nationale et la Commission européenne d'une expertise sur la mesure de l'illettrisme dans les pays développés.