Une femme se retrouve en clinique : « Ma coupe est pleine. »
« C'est un endroit ravissant », lui dit-on. Les places sont chères, les séjours courts. Un mois, c'est déjà de l'incrustation, quatre mois, une éternité. Elle reste l'éternité. Elle dort. On la fait dormir. Celle qui occupe la chambre 38 n'a qu'un seul souhait : se reposer.
On comprend vite ses raisons. L'assaut du passé est tel que des nuages d'un gris laiteux semblent recouvrir entièrement le ciel.
Reste que, dans le sommeil, on peut faire revivre les siens, éloigner leurs fantômes, leur dire adieu. Dormir, c'est parvenir à arracher sa mémoire, se rendre libre. Qui n'a jamais eu envie d'appeler l'oubli ? De dormir pour revivre.
Dans le style poignant, laconique et humoristique que les lecteurs lui connaissent, Sylvie Caster fait montre une fois de plus de l'originalité de sa voix.
Sylvie Caster a rédigé de multiples chroniques, notamment dans Charlie Hebdo et Le Canard enchaîné.
Ecrivain, elle a entre autres publié Les Chênes verts (BFB, 1980), Nel est mort (Barrault, 1985), Bel Air (Grasset, 1991) et La Petite Sibérie (Grasset, 1995).