Ahlème a 24 ans. Elle vit à Ivry en banlieue sud avec « Le patron » (son père) et Foued, son petit frère de 13 ans. « Le patron », personnage loufoque, a perdu la boule il y a trois ans lors d’un accident de chantier où sa tête a heurté une solive. N’ayant plus toute sa tête, dépassé par les événements, c’est un « patron » dont l’autorité repose avant tout sur Ahlème qui a fort à faire avec Foued, un vrai petit chétane (voyou). La seule chose qui le retient de ne pas collectionner les conneries (plus ou moins drôles et plus ou moins graves), c’est la surveillance de sa sœur. Le problème est qu’elle aussi a fort à faire, entre ses missions intérim (les comptages de clous chez Leroy Merlin), les files d’attente à la préfecture pour renouveler sa carte de séjour (tous les trois mois) et ses histoires d’amour foireuses (pourquoi ses copines s’entêtent-elles à lui présenter des ploucs ?). Malgré sa vigilance, elle ne peut donc empêcher longtemps son petit frère de glisser sur la mauvaise pente et va donc se défouler de plus en plus souvent chez « tantie Mariatou », professionnelle du dicton et mère par procuration. La sienne, la vraie, a été assassinée en Algérie en 1992. Depuis, la vie de Ahlème c’est donc la France, le souvenir d’un bonheur perdu et surtout l’espoir d’un bonheur à venir. Elle est encore jeune et parfois naïve mais, souvent, elle a l’impression d’avoir vécu mille vies. Sans doute un effet des délires du « Patron » et du déluge de galères… Ainsi, elle apprend un matin que, suite à ses démêlés judiciaires, Foued est menacé d’expulsion. Certains auraient baissé les bras et arrêté de rire. Mais pas elle. Car, comme dit Tantie Mariatou : « On a beau couper la queue du lézard, elle repousse toujours. »