Les gouvernements d?Europe ont décidé, dans le cadre du marché unique, d?ouvrir à la concurrence leurs marchés nationaux. EDF, ainsi que l?ensemble des entreprises françaises relevant du secteur public, doivent donc s?adapter à cette réalité. Mais comment faire en sorte que cette mutation ne s?opère pas au nom de l?ultralibéralisme, et que les usagers du service public comme les producteurs y trouvent leur compte ?
Tel est le propos de cet ouvrage, dont l?objectif est de définir les modalités de l?implication nécessaire de l?Etat et celles d?un nouveau type de gouvernance d?entreprise dans un secteur où les erreurs de régulation peuvent avoir des conséquences dramatiques, comme l?a montré encore récemment la panne d?électricité en Amérique du Nord. Mais qu?on ne s?y trompe pas : il ne s?agit pas pour Jean-Paul Fitoussi de proposer un banal compromis entre la logique du marché et celle du service public. La thèse qu?il défend et illustre ici avec brio est en effet que la double ouverture à laquelle il est nécessaire de procéder (celle des marchés et celle, partielle, du capital de l?entreprise publique) offre de nouvelles opportunités pour faire progresser à la fois le service public et l?entreprise elle-même. Et qu?il dépend de l?intelligence de la réforme et des nouvelles règles du jeu que ces opportunités se révèlent profitables. Autrement dit encore, l?« entreprise du troi-sième type » (ni d?Etat, ni privée) que l?auteur propose de bâtir à EDF et ailleurs ne se justifie pas principalement par les contraintes que l?Europe introduit, mais par le souci de l?intérêt général ? la prise en compte de l?aspiration au développement durable, à la transparence en matière de gestion, à l?amélioration du service rendu aux clients usagers.
Jean-Paul Fitoussi est professeur des universités à l?Institut d?études politiques de Paris dont il préside le conseil scientifique, président de l?Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et secrétaire général de l?Association internationale des sciences économiques.