Au centre de la lutte de la IIIe République contre le pouvoir catholique se dresse la figure indomptable d'Emile Combes. Ce n'est pas lui qui déclara la guerre anticléricale, mais il la conduisit avec une telle vigueur qu'elle passa pour une guerre antireligieuse même s'il ne visait qu'à réconcilier l'Eglise avec la République, réconciliation passant selon lui par une rupture de relations vieilles d'un siècle dans les textes et de mille ans dans les esprits. Cette rupture exigeait un courage politique que ses devanciers n'avaient pas eu. S'il prit le pouvoir à reculons, Combes, lui, l'exerça sans faiblesse.
Celui qu'on commençait à appeler le " Petit Père Combes " fut longtemps soit encensé, soit haï, mais sa destinée posthume est plus ambiguë. Les enfants de ses laudateurs oublièrent son bilan, et ceux de ses adversaires n'oublièrent pas les griefs de leurs pères (sans pour autant, d'ailleurs, souhaiter un retour à un quelconque concordat...).
Aussi a-t-on peu travaillé et peu écrit sur Emile Combes. Aussi connaît-on mal ce politique qui inventa l'union de la gauche, qui avait prêché la République sous l'Empire, puis, comme sénateur, combattu les " féodalités " et qui avait conçu pour les " indigènes " d'Algérie un projet d'enseignement primaire digne de Jules Ferry, cet humaniste à la carrière multiforme (séminariste thomiste, critique littéraire et journaliste politique, médecin de campagne et paléontologue), ce croyant qui était passé de la foi en Dieu à la foi au progrès. Travailleur acharné et intègre, dédaigneux des honneurs, vif et tendre, homme aux brefs éclats et à la longue mémoire, aux faiblesses rares, il avait ses jardins secrets. C'était aussi un homme de fer, stoïque devant la lassitude, les deuils et la calomnie.
Personnalité originale et complexe, destin hors norme, vie droite et digne, acte politique majeur qui, par-delà des péripéties initiales, fonda la paix religieuse d'aujourd'hui: autant de raisons de découvrir Emile Combes et réviser à la hausse son importance historique.
Professeur émérite à l'université de Paris-VII, Gabriel Merle a publié des ouvrages touchant divers domaines mais surtout celui de la biographie (son Lytton Strachey, consacré au célèbre biographe de la reine Victoria, fait autorité auprès des spécialistes anglo-saxons). Il a récemment publié les lettres inédites de la princesse Bibesco à Emile Combes (Gallimard, 1994).
Celui qu'on commençait à appeler le " Petit Père Combes " fut longtemps soit encensé, soit haï, mais sa destinée posthume est plus ambiguë. Les enfants de ses laudateurs oublièrent son bilan, et ceux de ses adversaires n'oublièrent pas les griefs de leurs pères (sans pour autant, d'ailleurs, souhaiter un retour à un quelconque concordat...).
Aussi a-t-on peu travaillé et peu écrit sur Emile Combes. Aussi connaît-on mal ce politique qui inventa l'union de la gauche, qui avait prêché la République sous l'Empire, puis, comme sénateur, combattu les " féodalités " et qui avait conçu pour les " indigènes " d'Algérie un projet d'enseignement primaire digne de Jules Ferry, cet humaniste à la carrière multiforme (séminariste thomiste, critique littéraire et journaliste politique, médecin de campagne et paléontologue), ce croyant qui était passé de la foi en Dieu à la foi au progrès. Travailleur acharné et intègre, dédaigneux des honneurs, vif et tendre, homme aux brefs éclats et à la longue mémoire, aux faiblesses rares, il avait ses jardins secrets. C'était aussi un homme de fer, stoïque devant la lassitude, les deuils et la calomnie.
Personnalité originale et complexe, destin hors norme, vie droite et digne, acte politique majeur qui, par-delà des péripéties initiales, fonda la paix religieuse d'aujourd'hui: autant de raisons de découvrir Emile Combes et réviser à la hausse son importance historique.
Professeur émérite à l'université de Paris-VII, Gabriel Merle a publié des ouvrages touchant divers domaines mais surtout celui de la biographie (son Lytton Strachey, consacré au célèbre biographe de la reine Victoria, fait autorité auprès des spécialistes anglo-saxons). Il a récemment publié les lettres inédites de la princesse Bibesco à Emile Combes (Gallimard, 1994).