Dans les premières années du siècle, Khalil Gibran, installé à Boston, collabore au journal Al-Moujaher, destiné à l'émigration arabophone américaine. En 1908, il en tire un recueil de textes, Esprits rebelles. Composé de quatre histoires d'amour tragiques, le livre pose le problème de la condition de la femme arabe et de sa position dans la société libanaise. La sanction de cette audace ne tarde pas à tomber : le livre est très sévèrement critiqué par l'Église maronite qui voit en lui une attaque du clergé et une incitation à la libération des femmes. L'ouvrage est jugé hérétique, et le pouvoir ottoman au Liban le menace d'autodafé en place publique.