Le religieux n?est pas réductible à la menace que certaines de ses expressions minoritaires font peser sur les libertés fondamentales et sur la laïcité. Il est aussi un soutien actif de la mobilisation citoyenne dans des démocraties désenchantées. Si les dérives sectaires et quelques foulards ont pu réactiver les ferments antireligieux de la laïcité française, celle-ci doit apprendre à se repenser face à une Europe laïque sur les plans juridique, politique et sociologique. Se placer d?un point de vue européen, c?est découvrir qu?une réelle séparation du religieux et du politique n?est pas incompatible avec des formes diverses de reconnaissance du rôle des religions dans l?espace public. Parce que les pays voisins peuvent aider la France à se décrisper par rapport au fait religieux, l?Europe est une chance pour la laïcité à la française et non une menace. La chance pour elle d?intégrer positivement les apports sociaux, culturels et éthiques des religions dans des sociétés d?individus en quête de repères et de motivations.