De tous les grands mythes littéraires, Faust est celui qui paradoxalement a suscité le plus d’incarnations musicales. La génération romantique, de Berlioz à Gounod en passant par Schumann, puisa dans la magistrale tragédie de Goethe, notamment, la matière de quantité d’œuvres de genres et de formes très divers, portant sur le mystérieux alchimiste des regards parfois contradictoires.
Mais le savant austère et damné n’avait pas dit alors son dernier mot : le XXe siècle le voit ressurgir et, après Busoni, il interpelle depuis une vingtaine d’années des compositeurs tels que l’Allemand York Höller, l’Italien Giacomo Manzoni, le Russe Alfred Schnittke, l’Américain John Adams, les Français Pascal Dusapin et Philippe Fénelon. Double défi que de s’affronter au plus métaphysique des mythes, tout en se mesurant à une lourde mémoire musicale !
Dans une enquête qui éclaire la fécondation réciproque entre mythe et musique, Emmanuel Reibel interroge ce que devient, dans un monde en pleine crise de la modernité, la figure née de l’Allemagne luthérienne, par laquelle s’était exprimé l’esprit de conquête artistique du XIXe siècle.
Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, spécialiste de l’étude des relations entre musique et littérature, Emmanuel Reibel est maître de conférences à l’Université de Nanterre.