François-Joseph n'est pas un bâtisseur d'empire _ le sien s'effondre deux ans après sa mort _, et dans sa vie de souverain, les échecs politiques et les revers militaires l'emportent sur les succès. Pourtant, dès son vivant, François-Joseph entre dans la légende.
Les nombreux malheurs qui le frappent dans sa famille (exécution d'un frère, suicide d'un fils, assassinat de son épouse) et la longueur de son règne n'y sont pas étrangers. L'image de François-Joseph retenue par la mémoire collective n'est-elle pas celle du vieil empereur au visage orné d'immenses favoris?
Mais surtout, héritier de la plus vieille dynastie d'Europe, " dernier monarque de la vieille école ", comme il se définit lui-même, il incarne avec majesté une certaine idée de la monarchie et du pouvoir. Si certains lui reprochent d'avoir laissé se développer, par son immobilisme, après 1867, les conséquences négatives du dualisme, le respect qui l'entoure tient unis ses 50 millions de sujets, ses onze peuples pourtant travaillés par des forces centrifuges. Car durant les soixante-huit années de son règne, des révolutions de 1848 à l'apocalypse de la Première Guerre mondiale, son empire est au centre de l'affrontement qui oppose deux logiques et deux cultures antagonistes, l'Etat multinational et l'Etat-nation. A travers cette lutte, c'est le destin de l'Europe qui s'accomplit, l'Europe du XXe siècle qui est en gestation.
Jean-Paul Bled, agrégé d'Histoire et docteur d'Etat, est maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Strasbourg. Il est président du Groupe d'études de la monarchie des Habsbourg et directeur de la revue Etudes danubiennes.
Les nombreux malheurs qui le frappent dans sa famille (exécution d'un frère, suicide d'un fils, assassinat de son épouse) et la longueur de son règne n'y sont pas étrangers. L'image de François-Joseph retenue par la mémoire collective n'est-elle pas celle du vieil empereur au visage orné d'immenses favoris?
Mais surtout, héritier de la plus vieille dynastie d'Europe, " dernier monarque de la vieille école ", comme il se définit lui-même, il incarne avec majesté une certaine idée de la monarchie et du pouvoir. Si certains lui reprochent d'avoir laissé se développer, par son immobilisme, après 1867, les conséquences négatives du dualisme, le respect qui l'entoure tient unis ses 50 millions de sujets, ses onze peuples pourtant travaillés par des forces centrifuges. Car durant les soixante-huit années de son règne, des révolutions de 1848 à l'apocalypse de la Première Guerre mondiale, son empire est au centre de l'affrontement qui oppose deux logiques et deux cultures antagonistes, l'Etat multinational et l'Etat-nation. A travers cette lutte, c'est le destin de l'Europe qui s'accomplit, l'Europe du XXe siècle qui est en gestation.
Jean-Paul Bled, agrégé d'Histoire et docteur d'Etat, est maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Strasbourg. Il est président du Groupe d'études de la monarchie des Habsbourg et directeur de la revue Etudes danubiennes.