Claude Lévi-Strauss, Georges Canguilhem, René Maheu, Paul Nizan, Georges Friedmann, Raymond Aron, Georges Lefranc, Jean-Paul Sartre : vivants ou morts, tous ont marqué la vie intellectuelle depuis 1945, à des degrés divers et selon des voies divergentes. Une trop abondante littérature a ressassé l'exposé de leurs idées, la variété de leurs opinions, la diversité de leurs engagements.
Jean-François Sirinelli, en une démarche originale qui déjà fait date dans l'historiographie contemporaine, a, le premier, rattaché les fils de ces destins individuels à la trame collective de leur génération. Les classes d'âge nées vers 1905, adolescentes à l'ombre du premier conflit mondial, s'éveillèrent à la politique dans les années 1920, réagirent de différentes manières à la montée des périls, s'enrôlèrent – ou s'abstinrent –durant la Seconde Guerre mondiale, et certains de leurs représentants qui n'étaient morts ni au champ d'honneur de la Résistance ni devant les pelotons d'exécution de l'Épuration, arguèrent, passé 1945, que l'engagement était consubstantiel à la qualité d'intellectuel.
Ce trajet collectif, des dizaines d'itinéraires l'ont tissé à travers des réseaux ou des institutions de sociabilité : cette génération fera ses grands choix – tels le pacifisme ou l'antifascisme – notamment parce que, étudiants en khâgne (classe préparatoire littéraire), à l'École normale supérieure ou à l'Université, certains se seraient proclamés les élèves d'Alain, le maître éveilleur de conscience, d'autres auraient milité en faveur du "Bloc des Gauches" du lycée Louis le Grand, créant ainsi des solidarités qui perdureront jusqu'à l'Occupation, puis au-delà.
L'étude pionnière de la constitution des groupes composites qui définirent cette génération intellectuelle et de leurs mécanismes internes permet de comprendre enfin la page d'histoire qu'écrivirent, il n'y a. guère, tant les théoriciens de l'engagement permanent que les praticiens de l'intervention raisonnée par temps de crises.
Jean-François Sirinelli, né en 1949, est professeur d'Histoire contemporaine à l'université de Lille-III. Ses recherches portent sur l'histoire politique et socioculturelle de la France au x,r siècle ainsi qu'en témoignent, entre autres, la contribution qu'il a donnée à Notre Siècle de René Rémond (Fayard, 1988) et son ouvrage Les Intellectuels en France de l'Affaire Dreyfus à nos jours (1986, en collaboration).
Jean-François Sirinelli, en une démarche originale qui déjà fait date dans l'historiographie contemporaine, a, le premier, rattaché les fils de ces destins individuels à la trame collective de leur génération. Les classes d'âge nées vers 1905, adolescentes à l'ombre du premier conflit mondial, s'éveillèrent à la politique dans les années 1920, réagirent de différentes manières à la montée des périls, s'enrôlèrent – ou s'abstinrent –durant la Seconde Guerre mondiale, et certains de leurs représentants qui n'étaient morts ni au champ d'honneur de la Résistance ni devant les pelotons d'exécution de l'Épuration, arguèrent, passé 1945, que l'engagement était consubstantiel à la qualité d'intellectuel.
Ce trajet collectif, des dizaines d'itinéraires l'ont tissé à travers des réseaux ou des institutions de sociabilité : cette génération fera ses grands choix – tels le pacifisme ou l'antifascisme – notamment parce que, étudiants en khâgne (classe préparatoire littéraire), à l'École normale supérieure ou à l'Université, certains se seraient proclamés les élèves d'Alain, le maître éveilleur de conscience, d'autres auraient milité en faveur du "Bloc des Gauches" du lycée Louis le Grand, créant ainsi des solidarités qui perdureront jusqu'à l'Occupation, puis au-delà.
L'étude pionnière de la constitution des groupes composites qui définirent cette génération intellectuelle et de leurs mécanismes internes permet de comprendre enfin la page d'histoire qu'écrivirent, il n'y a. guère, tant les théoriciens de l'engagement permanent que les praticiens de l'intervention raisonnée par temps de crises.
Jean-François Sirinelli, né en 1949, est professeur d'Histoire contemporaine à l'université de Lille-III. Ses recherches portent sur l'histoire politique et socioculturelle de la France au x,r siècle ainsi qu'en témoignent, entre autres, la contribution qu'il a donnée à Notre Siècle de René Rémond (Fayard, 1988) et son ouvrage Les Intellectuels en France de l'Affaire Dreyfus à nos jours (1986, en collaboration).