C’est dans les Amériques que sont nées et se sont épanouies les deux grandes inventions musicales du XXe siècle : le jazz et la « musique latine ». Celle-ci est l’objet de ce livre qui retrace sa genèse depuis la fin du Moyen Age jusqu’au début des enregistrements sonores.
L’ouvrage débute par la confrontation de trois traditions musicales à la fin du XVe siècle : l’ibérique, dans laquelle le « populaire » est intimement lié à ce que nous appelons aujourd’hui la « grande musique » ; l’amérindienne, fortement ritualisée ; et l’africaine, qui accorde une importance majeure au rythme et aux percussions. Dans le mélange instrumental, mélodique et textuel qui s’opère au fil des siècles dans le cadre des grandes festivités religieuses baroques, les esclaves et affranchis d’origine africaine jouent un rôle de premier plan donnant à la musique (sons, chansons, gestes) une sensualité et une liberté de mouvements toutes nouvelles. Créativité permanente, la musique des Amériques - espagnole et portugaise-se décline sur une longue durée où la samba, le tango, les congadas, la rumba et les corridos, parmi nombre d’autres genres, deviennent des marques identitaires des peuples latino-américains. Dans cette gestation, des ponts unissent ces musiques à l’opéra, aux danses européennes (polka, contredanse), au jazz, ainsi qu’à la musique flamenco des Gitans andalous.
Carmen Bernand est anthropologue et historienne. Elle est professeur émérite de l’université Paris-X et membre de l’Institut universitaire de France. Elle a publié aux éditions Fayard Histoire du Nouveau Monde (deux tomes, avec Serge Gruzinski), Histoire de Buenos Aires, et Un Inca platonicien, Garcilaso de la Vega, 1539-1616.