Au moment où l'on célèbre le centenaire de la loi de 1905, il n'est pas inutile de comprendre par quels chemins l'idée laïque s'est imposée en France. C'est ce qu'avait déjà fait Georges Weill au lendemain du vote de la loi, dans un ouvrage resté inégalé. Ce livre, introuvable depuis longtemps, explore les diverses sources philosophiques et politiques de l'idée de laïcité : la tradition du gallicanisme et son refus d'une autorité romaine ; la défense résolue et persévérante par les protestants de la liberté de conscience et du pluralisme ; le spiritualisme de Victor Cousin, qui s'essaie à doter la morale d'un fondement autre que religieux ; le progressisme des disciples de Condorcet et de Comte, dont feront partie Littré et Ferry.
Il montre également que les progrès de l'idée laïque sont aussi dus aux excès du cléricalisme, qui cherche à travers la Restauration puis le Second Empire à affirmer son pouvoir sur l'Etat et les esprits.
La convergence de ces différents éléments conduira aux lois laïques des années 1880, avant d'aboutir à la séparation de l'Eglise et de l'Etat.