De Munich, on connaît d’abord la Kunststadt, la ville d’art, riche de palais et de musées, riche surtout d’une histoire tumultueuse qui remonte à sa fondation, en 1158. Les Wittelsbach y installent leur capitale au xiiie siècle et y règnent jusqu’en 1918. Fidèles catholiques dans un empire majoritairement protestant, ils imposent leur ville comme la « Rome allemande », un joyau de l’art baroque. De règne en règne, Munich embellit au gré du mécénat des princes qui la gouvernent, jusqu’à Louis Ier, au xixe siècle, qui entend la transformer en « œuvre d’art ». Ville des artistes, Munich accueille tout un milieu cosmopolite et bohème, composé de Kandinsky, Wedekind ou Thomas Mann, qui fait de la cité bavaroise la rivale artistique de Berlin jusqu’en 1914.
Mais Munich, c’est aussi la Bierstadt, la ville de la bière, accueillante et conviviale, celle où l’on vient du monde entier pour célébrer l’Oktoberfest. Capitale, certes, mais de la Bavière, Munich n’échappe pas à un certain provincialisme qui la rattrape au xxe siècle. Et si elle retrouve un rôle de premier plan dans l’entre-deux-guerres, c’est au titre de capitale du mouvement nazi : Munich, la ville du putsch raté de 1923, de l’exposition d’art dégénéré de 1937 et des accords tristement fameux de 1938…
Sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, les Munichois parviennent à reconstruire une métropole prospère grâce à l’industrie de pointe, soucieuse de préserver son patrimoine sans renoncer aux audaces architecturales, oscillant entre tradition et avant-garde. Dans cet ouvrage richement illustré, Jean-Paul Bled retrace avec brio le destin contrasté de Munich, symbole des pages les plus lumineuses et les plus sombres de l’histoire allemande.
Professeur à l’université de Paris-IV Sorbonne, Jean-Paul Bled est un spécialiste reconnu du monde germanique.
Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié, aux éditions Fayard, Histoire de la Prusse (2007) et La Reine Louise de Prusse (2008).