On connait tous les bons mots de Chirac. En public comme en privé, il n’avait pas son pareil pour régaler ses interlocuteurs d’analyses et de piques mordantes, salaces ou incrédules sur ses ennemis, ses amis, ou simplement ceux qui passaient dans son orbite. Mais, dans le même temps, il a été capable de discours mémorables.
Jacques Chirac personnifie ce côté gaulois fait de chauvinisme, de rusticité tout autant que de traits d’esprit hérités des Lumières, de cynisme et d’ironie, d’insoumission et de bonhomie, de séduction, constituant ce côté frondeur et hâbleur.
« La merde, ça vole toujours en escadrille », « Sarkozy, il faut lui marcher dessus, du pied gauche. D'abord, parce que ça porte bonheur, et puis parce qu'il n'y a que ça qu'il comprenne », « De Gaulle nous a quittés, mais nous n’avons pas quitté de Gaulle », « On n'exporte pas la démocratie dans un fourgon blindé », «Ça m'en touche une sans faire bouger l'autre »…
Avec ses mots, Jacques Chirac personnifia cet esprit rebelle, indompté, d’une France écoutée et respectée sur la scène internationale. À l’heure de l’uniformité, redécouvrir le style Chirac, c’est prendre conscience de la beauté de la langue française, et surtout de son impertinence.
Ancien directeur de cabinet d’une collectivité territoriale, Laurent Pfaadt est l’auteur de nombreux ouvrages, historiques et politiques, dont Simone Veil, une passion française.