En une poignée de disques et autant d’années de carrière, Jimi Hendrix a révolutionné l’art de la guitare, la musique contemporaine et un peu de notre vision du monde. Destin singulier pour cet Afro-Américain de Seattle, fier de ses lointaines racines cherokees et incapable de lire une partition. Vie fulgurante et lumineuse, scandée de détours, de retours et de chocs généreux.
Ancien parachutiste de la 101e division aéroportée, Jimi Hendrix est pourtant devenu l’icône de la protestation pacifiste contre la guerre du Vietnam. Victime comme tant d’autres du racisme étatsunien, il dut s’exiler en Grande-Bretagne pour y fonder « l’Experience », être adoubé à l’Olympia en première partie de Johnny Hallyday en 1966, avant de repartir à la conquête de l’Amérique des festivals mythiques en juin 1967. Toujours à l’affût d’inspirations et d’étincelles, il étendit sa quête d’Hawaii à Essaouira et essaima ses avatars sur les cinq continents.
En octobre 1968 sortait son chef-d’œuvre, le double album Electric Ladyland sur fond de scandale ou d’extase. « L’enfant du vaudou » défrichait en une heure psychédélique un nouvel espace de sons et de perceptions. Quarante ans plus tard, son œuvre foisonnante continue d’inspirer les jeunes et les moins jeunes.
Jean-Pierre Filiu est professeur associé à l’Institut d’études politiques de Paris. Auteur de plusieurs ouvrages publiés chez Fayard, il a notamment été attaché culturel à San Francisco.