Selon la Bible, l’homme et la femme doivent se multiplier. Or, depuis son origine, l’Église considère que le plaisir sexuel est dangereux, voire démoniaque : mais comment le chasser de l’acte d’amour ? Pendant des siècles, elle s’est ainsi lancée dans la plus extraordinaire tentative jamais imaginée pour connaître et contrôler la vie sexuelle des couples. Horrifiée mais fascine, elle ose décrire, classifier, tarifer, toutes les postures, toutes les pratiques, des plus perverses aux plus extravagantes, de l’acte sexuel. Ces renseignements minutieux, incroyablement scabreux étaient consignés dans des manuels destinés aux confesseurs, qui pouvaient ainsi intervenir dans la vie des fidèles et distribuer les pénitences. Cette entreprise a échoué le jour où les catholiques n’ont plus voulu raconter leurs péchés d’amour : bien qu’elle survive dans les prises de position de l’Église sur la sexualité, elle est sans doute à l’origine de la désaffection que connaissent la pratique religieuse catholique et les prescriptions de la morale sexuelle.