On a peine à imaginer que tant de femmes se soient habillées en homme entre la Renaissance et la Révolution. Il y a parmi elles de simples femmes qui s'engagent en secret dans les armées du roi pour fuir la misère, des « débauchées », de nobles amazones qui défendent leurs terres, des mystiques qui prétendent imiter les saintes travesties de la légende dorée, des révolutionnaires qui revendiquent leurs droits de citoyennes... Bien que la justice du roi assimile le travestissement à un « crime de faux », les juges font souvent preuve d'indulgence à l'égard des femmes arrêtées en habit d'homme, sauf lorsqu'elles se prostituent ou se livrent à d'infâmes passions. Mais rares sont les hommes qui osent se travestir. L'abbé de Choisy, l'abbé d'Entragues et le chevalier d'Eon sont des exceptions. A moins qu'il ne s'amuse ouvertement, l'homme qui prend l'apparence d'une femme scandalise. C'est qu'il déroge à la perfection du sexe masculin que des générations de médecins ont démontrée en s'appuyant sur l'antique théorie des humeurs.
A travers les divers témoignages réunis dans ce livre apparaissent clairement les codes de comportement, les règles et les valeurs d'une société fondée sur la hiérarchie du sang et des sexes. Sous l'Ancien Régime, si la police des moeurs surveille de près ceux qui se traves- tissent, c'est précisément parce qu'ils vont à l'encontre de la « juste différence des sexes » qu'ont défendue pendant des siècles moralistes et physiognomonistes, jusqu'à ce que les philosophes des Lumières en appellent à la « nature » pour justifier l'inégalité des hommes et des femmes.
Sylvie Steinberg a soutenu une thèse sur le travestissement à l'époque moderne, sous la direction de Jean-Louis Flandrin (EHESS, 1999). Elle est actuellement maître de conférences à l'université de Rouen.
A travers les divers témoignages réunis dans ce livre apparaissent clairement les codes de comportement, les règles et les valeurs d'une société fondée sur la hiérarchie du sang et des sexes. Sous l'Ancien Régime, si la police des moeurs surveille de près ceux qui se traves- tissent, c'est précisément parce qu'ils vont à l'encontre de la « juste différence des sexes » qu'ont défendue pendant des siècles moralistes et physiognomonistes, jusqu'à ce que les philosophes des Lumières en appellent à la « nature » pour justifier l'inégalité des hommes et des femmes.
Sylvie Steinberg a soutenu une thèse sur le travestissement à l'époque moderne, sous la direction de Jean-Louis Flandrin (EHESS, 1999). Elle est actuellement maître de conférences à l'université de Rouen.