Le président de la République contrôle-t-il véritablement la politique de défense de la France? Depuis quelques années, bien des analystes en doutent et dénoncent la mainmise des généraux et du " complexe militaro-industriel " sur la décision politique. Des actes lourds de conséquence, comme l'aide militaire à l'Irak ou le lancement de coûteux programmes d'armements, n'auraient été décidés que pour satisfaire l'appétit des militaires et des capitaines d'industrie.
Plusieurs années d'enquête, au cours desquelles plus d'une centaine de personnalités civiles et militaires ont été interrogées, révèlent que cette thèse, pour séduisante qu'elle soit, manque de sérieux. Ce livre conteste non pas l'existence des groupes de pression mais l'étendue de l'influence qui leur est généralement attribuée. La plupart des grandes orientations politico-stratégiques ont été prises par le pouvoir civil, souvent contre l'avis de l'armée. C'est lui le véritable responsable. C'est lui qui a décrété la baisse des effectifs conventionnels et dispensé aux ingénieurs des crédits massifs pour la réalisation et la modernisation de la de la force de dissuasion nucléaire. C'est lui qui a doté la France d'une industrie militaire forte et qui est l'initiateur d'une grande politique d'exportations qu'il contrôle presque sans limites. Le responsable des ventes d'armes à l'Irak, c'est lui, et c'est lui encore qui a couvert par son silence les ventes d'obus à l'Iran, pays contre lequel il avait décrété l'embargo. Les opérations militaires en afrique ou au Proche-Orient ont presque toutes eu lieu à l'instigation des civils de l'Elysée, de la Défense ou du Quai d'Orsay, les militaires se tenant généralement sur la réserve.
Nul ne s'étonnera dès lors de retrouver les représentants de l'exécutif au coeur des scandales politico-militaires, qui, depuis l'affaire des vedettes de Cherbourg jusqu'à l'affaire Luchaire, ont, à plusieurs reprises, ébranlé la crédibilité de l'Etat.
Responsable politique, militaire industriel: chacun à sa place doit contribuer à la cohérence de la défense nationale. Mais la prééminence du politique donne à ce dernier une responsabilité particulière. Encore faut-il qu'il assume ses choix. Ce n'est pas le moindre mérite de ce livre de montrer à quel point la volonté politique a fait défaut ces dernières années et d'attirer l'attention sur les grands dossiers qui devront être traités sous le prochain septennat afin que la France puisse prétendre tenir son rang.
Samy Cohen est chercheur à la Fondation nationale des sciences politiques (CERI) et enseignant à l'Institut d'études politiques de Paris. Il est l'auteur de: De Gaulle, les gaullistes et Israël (A. Moreau, 1974), Les Conseillers du Président (PUF, 1980) et La Monarchie nucléaire, les coulisses de la politique étrangère sous la Ve République (Hachette, 1986).
Plusieurs années d'enquête, au cours desquelles plus d'une centaine de personnalités civiles et militaires ont été interrogées, révèlent que cette thèse, pour séduisante qu'elle soit, manque de sérieux. Ce livre conteste non pas l'existence des groupes de pression mais l'étendue de l'influence qui leur est généralement attribuée. La plupart des grandes orientations politico-stratégiques ont été prises par le pouvoir civil, souvent contre l'avis de l'armée. C'est lui le véritable responsable. C'est lui qui a décrété la baisse des effectifs conventionnels et dispensé aux ingénieurs des crédits massifs pour la réalisation et la modernisation de la de la force de dissuasion nucléaire. C'est lui qui a doté la France d'une industrie militaire forte et qui est l'initiateur d'une grande politique d'exportations qu'il contrôle presque sans limites. Le responsable des ventes d'armes à l'Irak, c'est lui, et c'est lui encore qui a couvert par son silence les ventes d'obus à l'Iran, pays contre lequel il avait décrété l'embargo. Les opérations militaires en afrique ou au Proche-Orient ont presque toutes eu lieu à l'instigation des civils de l'Elysée, de la Défense ou du Quai d'Orsay, les militaires se tenant généralement sur la réserve.
Nul ne s'étonnera dès lors de retrouver les représentants de l'exécutif au coeur des scandales politico-militaires, qui, depuis l'affaire des vedettes de Cherbourg jusqu'à l'affaire Luchaire, ont, à plusieurs reprises, ébranlé la crédibilité de l'Etat.
Responsable politique, militaire industriel: chacun à sa place doit contribuer à la cohérence de la défense nationale. Mais la prééminence du politique donne à ce dernier une responsabilité particulière. Encore faut-il qu'il assume ses choix. Ce n'est pas le moindre mérite de ce livre de montrer à quel point la volonté politique a fait défaut ces dernières années et d'attirer l'attention sur les grands dossiers qui devront être traités sous le prochain septennat afin que la France puisse prétendre tenir son rang.
Samy Cohen est chercheur à la Fondation nationale des sciences politiques (CERI) et enseignant à l'Institut d'études politiques de Paris. Il est l'auteur de: De Gaulle, les gaullistes et Israël (A. Moreau, 1974), Les Conseillers du Président (PUF, 1980) et La Monarchie nucléaire, les coulisses de la politique étrangère sous la Ve République (Hachette, 1986).