Ce n’est pas une guerre comme les autres. Le territoire à conquérir est invisible, le front est partout, les combattants sont peu nombreux, mais leur valeur est inestimable. Ainsi va la guerre pour les cerveaux. Pour y tenir son rang, un pays doit savoir attirer, former et stimuler les meilleurs esprits du monde. Il doit les encourager à explorer les pistes les plus folles, à casser les codes pour inventer l’impensable d’où jailliront les innovations d’après-demain.
Dans cette bataille haletante, les pays occidentaux ont longtemps tenu la corde grâce à leurs grandes universités. Désormais, le monde émergent, Chine en tête, contre-attaque. Les pays arabes, armés de leurs pétrodollars, se rêvent en carrefours du savoir. Les « petits », comme la Suisse et Singapour, peuvent désormais détrôner les « grands ».
L’argent ne suffit pas. L’intelligence de très haut niveau ne se déploie que dans un environnement fait d’autant de liberté que de rigueur, où la recherche fondamentale doit pouvoir défier l’ordre établi tout en acceptant des processus d’évaluation draconiens. Ce sont les règles d’engagement d’une ruée vers l’intelligence qui ne fait que commencer et dont les vainqueurs domineront le monde avant le milieu de ce siècle.
Ingénieur, journaliste et écrivain, Stéphane Marchand est rédacteur en chef de la revue ParisTech Review.