Dans l'histoire officielle de la psychanalyse, Sabina Spielrein
nest qu'un nom. Celui de la maîtresse de Carl Gustav-Jung, à l'origine
de la rencontre entre le psychiatre suisse et Sigmund Freud.
Tout le reste a été oublié et ce qu'elle a apporté à la discipline, attribué
à d'autres. Pourtant, Sabina Spielrein est l'une des premières
femmes psychanalystes, à qui l'on doit un des plus grands concepts
de la théorie freudienne – la pulsion de mort.
Née en 1885 dans une famille juive russe, d'un père violent
et d'une mère dépressive, Sabina est internée alors qu'elle n'a que
19 ans. La mort de sa petite soeur a entraîné chez elle de graves
troubles psychotiques dont elle guérit grâce à la cure par la parole.
À sa sortie de l'hôpital psychiatrique de Zürich, Sabina Spielrein
est devenue une femme à l'intelligence remarquable, passionnée
par la psychanalyse naissante qui l'a sauvée.
Si sa vie n'avait été perpétuellement volée, elle serait de
ces héroïnes au destin exemplaire. Mais les hommes qui entourent
Sabina en décident autrement. Maltraitée par son père, trahie par
Jung, elle est dépouillée de ses idées les plus novatrices par Freud
et ses successeurs. Et quand, en 1923, elle tente d'être de ceux qui
implantent la psychanalyse en Russie soviétique, elle est définitivement
brisée par le stalinisme avant d'être éliminée par le nazisme
dans la Shoah par balles.