Défi du terrorisme, omniprésence de la thématique de la délinquance et de l’insécurité, augmentation considérable des condamnations pour crimes sexuels : tel est le contexte qui explique les évolutions récentes de la justice pénale ainsi que les révisions répressives du Code pénal et les condamnations à des peines de plus en plus lourdes. Denis Salas analyse ici ces transformations pour montrer qu’elles tendent à rompre avec la conception humaniste et réparatrice de la peine, en particulier sous l’impact de la nouvelle demande de justice due aux victimes. À terme, cette évolution, qui va au-delà d’une simple « judiciarisation » croissante de la vie sociale, conduirait à augmenter considérablement les incarcérations, au nom d’une nouvelle philosophie pénale de la mise à l’écart des « gêneurs ». Toutefois, une comparaison argumentée avec la situation américaine montre que cette évolution est encore réversible en France. Encore faut-il que l’exigence de justice ne cède pas devant le populisme médiatique et sache trouver une nouvelle manière de se faire entendre dans le contexte des inquiétudes sociales contemporaines.