Faut-il ranger le Manifeste du parti communiste parmi les documents qui jettent un regard éclairant sur le passé, et rien de plus ? Dans un paradoxe proprement dialectique, même les impasses et les échecs du communisme du xxe siècle, clairement fondés sur les limites du Manifeste, témoignent de l’actualité de ce texte : la solution marxiste classique a échoué, mais le problème demeure. Le communisme, aujourd’hui, n’est pas le nom d’une solution mais celui d’un problème, celui des communs dans toutes leurs dimensions : les communs de la nature, menacés par la pollution et l’exploitation ; les communs biogénétiques – le transhumanisme devient une perspective réaliste ; nos communs culturels, au premier rang desquels le langage, nos outils de communication et d’éducation, mais aussi les infrastructures ; et, last but not least, les communs comme espace universel de l’humanité, un espace dont personne ne devrait être exclu.