C’est tardivement que la laïcité a vu le jour en tant qu’idée dans le monde musulman. Elle a commencé à prendre corps dans le courant du XIXe siècle, dans les pays passés sous la domination ou l’influence de l’Occident. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la laïcité a fait irruption avec les réformes brutales de Mustafa Kémal, modèles pour tout le monde musulman. C’est encore à l’exemple du kémalisme que l’idée s’est de plus en plus répandue que l’Etat devait dominer la religion, et que l’on a pu assister à cette floraison d’idéologies nationalistes qui allaient chercher dans la race, la langue ou la volonté nationale, des principes d’union. Les pays musulmans n’ont connu alors que des laïcités autoritaires qui ont paru bloquer toute émergence des sociétés civiles.
Depuis Bourguiba jusqu’à Saddam Hussein, les professions de foi laïques ou laïcisantes ont été perçues comme le corollaire de régimes dictatoriaux et/ou de la perpétuation de la domination occidentale. Le seul pays où la laïcité a été acceptée et intégrée culturellement est la Turquie. En adoptant les valeurs du vainqueur (l’Etat-nation ethnique et la laïcité), la Turquie kémaliste entendait rompre avec un passé qui semblait avoir conduit le monde musulman à une perte presque généralisée de sa souveraineté. La laïcité venait y renforcer une identité ethnique, turque, et pour ces deux raisons, elle fut finalement acceptée malgré la violence qu’elle signifia pour une société qui se définissait encore majoritairement à partir de critères religieux.
Mais ce choix laissait à l’armée le rôle de rempart du système établi par Mustafa Kemal. Ne peut-on donc dire que la Turquie partage aujourd’hui en partie avec les autres pays musulmans certains enjeux post-coloniaux, bien que n’ayant pas été colonisée ?
S’il s’avère qu’il n’y a pas de laïcité démocratique possible en Turquie, modèle ou contre-modèle pour nombre de musulmans, cela aura des conséquences importantes pour les pays de la région. En revanche, un compromis entre laïcs et AKP serait une première qui manifesterait que laïcité et islam ne sont pas incompatibles dans le contexte actuel, marqué par un face-à-face récurrent entre des élites sécularisantes et autoritaires au pouvoir qui s’appuient sur les forces armées, d’une part, et de l’autre, des sociétés civiles qui s’expriment de façon croissante par l’islam.
Depuis Bourguiba jusqu’à Saddam Hussein, les professions de foi laïques ou laïcisantes ont été perçues comme le corollaire de régimes dictatoriaux et/ou de la perpétuation de la domination occidentale. Le seul pays où la laïcité a été acceptée et intégrée culturellement est la Turquie. En adoptant les valeurs du vainqueur (l’Etat-nation ethnique et la laïcité), la Turquie kémaliste entendait rompre avec un passé qui semblait avoir conduit le monde musulman à une perte presque généralisée de sa souveraineté. La laïcité venait y renforcer une identité ethnique, turque, et pour ces deux raisons, elle fut finalement acceptée malgré la violence qu’elle signifia pour une société qui se définissait encore majoritairement à partir de critères religieux.
Mais ce choix laissait à l’armée le rôle de rempart du système établi par Mustafa Kemal. Ne peut-on donc dire que la Turquie partage aujourd’hui en partie avec les autres pays musulmans certains enjeux post-coloniaux, bien que n’ayant pas été colonisée ?
S’il s’avère qu’il n’y a pas de laïcité démocratique possible en Turquie, modèle ou contre-modèle pour nombre de musulmans, cela aura des conséquences importantes pour les pays de la région. En revanche, un compromis entre laïcs et AKP serait une première qui manifesterait que laïcité et islam ne sont pas incompatibles dans le contexte actuel, marqué par un face-à-face récurrent entre des élites sécularisantes et autoritaires au pouvoir qui s’appuient sur les forces armées, d’une part, et de l’autre, des sociétés civiles qui s’expriment de façon croissante par l’islam.