C’est presque une tradition : dès que cela va mal, les élites françaises ne peuvent s’empêcher de donner dans la germanophobie la plus primaire. Avec la crise financière, celle de l’euro et l’entrée en récession, les propos anti-allemands sont de plus en plus fréquents, ouverts et virulents. Ils trahissent souvent de vieilles rancœurs, mais aussi une profonde méconnaissance de l’Allemagne. En arrière-fond revient toujours l’idée que les Allemands doivent éponger les dettes de l’Europe et se taire, car ce sont eux qui ont fait la guerre et « inventé » Hitler. Les Allemands, eux, ont le sentiment d’avoir largement payé leur tribut à l’histoire, tant financièrement que moralement et socialement. Et maintenant, on leur demande de se sacrifier pour les cigales de l’Europe du Sud. Bien sûr, ils sont devenus l’élève modèle de la classe européenne, mais à quel prix ? Un taux de pauvreté en hausse, 8 millions d’Allemands gagnant moins de 8 euros brut de l’heure, des néonazis d’une violence inouïe à l’Est, un taux de natalité en berne… A la veille des élections de septembre 2013, tous les regards sont tournés vers l’Allemagne pour savoir si elle va être en mesure de prendre le leadership en Europe. Quelle que soit l’issue du scrutin, elle forcera la France à respecter ses engagements de retour à l’équilibre budgétaire. Car elle veut bien payer. Mais pas sans contrepartie.