Ultime grand cycle de Bach, L’Art de la Fugue constitue un sommet dans la forme la plus exigeante de l’écriture musicale classique : la fugue. Longtemps considérée comme une œuvre d’étude, non destinée au concert, elle est considérée comme un aboutissement de l’abstraction musicale, et beaucoup de questions se sont posées à son sujet : la destination (clavier – clavecin, orgue ? orchestre ? quatuor à cordes ?), la composition et l’ordre des pièces, sans compter le mystère qui entoure la dernière pièce, inachevée, dont on a longtemps cru qu’elle avait été interrompue par la mort de Bach.
Martha Cook pratique de longue date cette œuvre en claveciniste. Elle s’interroge sur le potentiel expressif de cette musique dite abstraite et risque une hypothèse fondée sur une analyse fine de la structure de l’œuvre : Bach s’est inspiré de textes du Nouveau Testament pour nourrir son invention formelle, selon les procédés de rhétorique musicale de l’époque. L’œuvre est ainsi interprétée comme répondant à un programme sous-jacent, qui révèle le caractère de méditation que lui accordait le compositeur, et sa spiritualité latente. Révélée par une interprète, une nouvelle vision d’un des chefs-d’œuvre de Bach.