L’art n’est plus fait par ceux qui avaient l’habitude de le faire, mais par ceux qui le montrent : gens de musée, fonctionnaires de l’art, collectionneurs, communicateurs et mécènes. Aux artistes se substituent les commissaires : commissaires d’exposition, commissaires à la circulation, commissaires priseurs. C’est le monde de l’art qui fait l’art.
L’ouvrage d’Yves Michaud n’use pas de ce constat pour dresser un procès contre l’art contemporain, pas plus qu’il n’y voit le couronnement d’une approche seulement sociologique de l’art. C’est plutôt pour lui la condition actuelle de l’art, l’horizon dont il faut partir pour en parler. Ce qui n’implique pourtant pas un relativisme total. Sans mettre en avant d’a priori esthétique ou moral, ce livre montre que l’art contemporain peut exister tout en s’affranchissant de toute référence à l’œuvre et au public.