La mort tragique de Mehmet Shehu, premier ministre et numéro deux du régime albanais, en décembre 1981, a sans doute été le dernier crime de palais classique du monde communiste. Si l'Albanie en fut le théâtre, c'est pour la simple raison que les autres pays de l'Europe de l'Est avaient déjà vu se clore en 1953, avec la mort de Staline, la partie sanglante, shakespearienne, de la chronique communiste, pour passer à une période tragi-comique _ que l'on pourrait qualifier de gogolienne _, alors qu'en Albanie l'époque de la tragédie se poursuivit jusqu'en 1985, année de la mort du dictateur. Rien de ce qui s'est produit dans ce pays ne peut être compris ni expliqué si l'on n'a pas en vue cette différence de calendrier.
Bashkim Shehu, fils de Mehmet, est un des rares auteurs de notre époque qui, après avoir eu la malchance de vivre l'année 1937 en 1981, a eu la chance de pouvoir par la suite écrire la vérité, ce qui n'a pas été donné à des centaines d'autres. Son livre, que l'on peut qualifier de tridimensionnel du fait qu'il a été vécu en enfer, conçu au purgatoire et écrit dans la liberté, constitue l'un des témoignages les plus authentiques de ce qui s'est produit dans les profondeurs du monde communiste, cet univers dantesque qui, contrairement à ce qu'on voudrait espérer, paraît au fil des ans toujours plus obscur et inexplicable.
Bashkim Shehu, fils de Mehmet, est un des rares auteurs de notre époque qui, après avoir eu la malchance de vivre l'année 1937 en 1981, a eu la chance de pouvoir par la suite écrire la vérité, ce qui n'a pas été donné à des centaines d'autres. Son livre, que l'on peut qualifier de tridimensionnel du fait qu'il a été vécu en enfer, conçu au purgatoire et écrit dans la liberté, constitue l'un des témoignages les plus authentiques de ce qui s'est produit dans les profondeurs du monde communiste, cet univers dantesque qui, contrairement à ce qu'on voudrait espérer, paraît au fil des ans toujours plus obscur et inexplicable.