Toutes les sociétés sont confrontées au désordre, leur ordre en est indissociable. Celles que la tradition gouverne encore se définissent elles-mêmes en termes d'équilibre, de conformité, de stabilité relative; elles se voient comme un monde à l'endroit où le désordre peut avoir des effets négatifs et mettre toute chose à l'envers. On tente de faire de l'ordre avec du désordre, de même que le sacrifice fait de la vie avec de la mort, de la loi avec de la violence domestiquée par l'opération symbolique. Puisqu'il est irréductible, inévitable et nécessaire, la seule issue est de l'utiliser à sa propre et partielle neutralisation et de le convertir en facteur d'ordre. Il devient ainsi l'instrument d'un travail positif.
La modernité, c'est le mouvement plus l'incertitude; elle avive la conscience de désordre. Le recours à l'explication par le désordre manifeste la réalité présente en certains de ses états: il révèle la quasi impossibilité de la comprendre autrement, il relève de la logique constitutive des mythes contemporains. Une exploration interprétative, sociologique et anthropologique permet d'identifier des figures actuelles du désordre _ l'événement brutal, l'épidémie et le mal, la violence et le terrorisme, le politique déforcé _ et des formes de réaction à l'irruption du désordre _ la réponse totale ou totalitaire, la réponse de la personne par le sacré, la réponse des pragmatiques par le mouvement.
En ouverture à cet essai, une mise en perspective qui place successivement le couple ordre-désordre dans ses rapports au mythe, à la science et au savoir social. Au terme, un éloge du mouvement, afin de dissiper les craintes et de mettre en garde contre les tentatives d'exploiter la peur confuse qu'il nourrit. La pensée de ce temps, située en ce temps, conduit inévitablement à penser le mouvement.
Georges Balandier, sociologue, anthropologue, écrivain, enseigne principalement à la Sorbonne et à l'EHESS. A partir de l'expérience anthropologique (Afrique ambiguë, Anthropologie politique, Anthropologiques), il explore maintenant les espaces de la modernité (Le Pouvoir sur scènes, le Détour).
La modernité, c'est le mouvement plus l'incertitude; elle avive la conscience de désordre. Le recours à l'explication par le désordre manifeste la réalité présente en certains de ses états: il révèle la quasi impossibilité de la comprendre autrement, il relève de la logique constitutive des mythes contemporains. Une exploration interprétative, sociologique et anthropologique permet d'identifier des figures actuelles du désordre _ l'événement brutal, l'épidémie et le mal, la violence et le terrorisme, le politique déforcé _ et des formes de réaction à l'irruption du désordre _ la réponse totale ou totalitaire, la réponse de la personne par le sacré, la réponse des pragmatiques par le mouvement.
En ouverture à cet essai, une mise en perspective qui place successivement le couple ordre-désordre dans ses rapports au mythe, à la science et au savoir social. Au terme, un éloge du mouvement, afin de dissiper les craintes et de mettre en garde contre les tentatives d'exploiter la peur confuse qu'il nourrit. La pensée de ce temps, située en ce temps, conduit inévitablement à penser le mouvement.
Georges Balandier, sociologue, anthropologue, écrivain, enseigne principalement à la Sorbonne et à l'EHESS. A partir de l'expérience anthropologique (Afrique ambiguë, Anthropologie politique, Anthropologiques), il explore maintenant les espaces de la modernité (Le Pouvoir sur scènes, le Détour).