Le 4 juillet 1954, dans un village perdu de Hesse, à un jet de pierre de la «zone soviétique», un gamin de onze ans, fils de pasteur, est réveillé comme tous les dimanches par les cloches du temple voisin qui sonnent à toute volée pendant un quart d’heure et l’arrachent régulièrement au refuge de ses rêves. Mais ce dimanche-là n’est pas comme les autres: le 4 juillet 1954, l’équipe nationale allemande de foot-ball va disputer contre la Hongrie la finale de la coupe du monde. Dans la République fédérale d’Adenauer, confrontée à un passé encore proche et plongée dans son effort de reconstruction morale et économique, le quotidien de ce petit garçon est réglé par toute une série d’interdits et de devoirs contraignants. Dans cette finale se joue une rédemption: pour le narrateur d’abord, qui, avant et pendant le match – suivi à la radio –, se libère du monde en vase clos qui l’entoure, de la toute-puissance de son père et de l’hypocrisie de sa religion; pour l’Allemagne ensuite, cette Allemagne vaincue qui, neuf ans après la fin de la guerre, se retrouvera dans le camp des vainqueurs.
Né en 1943 à Rome, Friedrich Christian Delius a grandi dans le Land de Hesse, au centre de l’Allemagne. Aujourd’hui, il vit entre Berlin et Rome. Auteur d’une quinzaine de romans, il a reçu en 2007 le «Joseph-Breitbach-Preis» couronnant l’ensemble de son œuvre.