On parle beaucoup des Balkans, mais comment en parle-t-on ? Chacun des peuples de la péninsule a son propre discours, ses propres mots pour désigner les gens, les lieux et bien d?autres choses. Le discours sur les Balkans qu?on entend en Occident en est inspiré, il est donc cacophonique, il fourmille d?ambiguïtés, il favorise les partialités et les malentendus. Chacun, dans les débats sur ces pays, cherche à imposer son point de vue par le choix même des expressions qu?il emploie. Il importe donc de décrypter les mots, et derrière eux de retrouver les réalités.
Quelles communautés humaines appelle-t-on une nation, un peuple, une ethnie ? Qu?entend-on par « autodétermination des peuples », « nettoyage ethnique », « langue serbo-croate » ? Quels groupes d?hommes sont nommés Bosniaques, Macédoniens, Valaques ? Quels territoires constituent la Moldavie ou le Kosovo ? Pourquoi telle bourgade bulgare a-t-elle, en un siècle, porté successivement quatre noms différents ? Chacune de ces questions, avec des dizaines d?autres du même genre, est étudiée dans son contexte historique proche et lointain, en se référant, si nécessaire, aux langues d?origine, et en cherchant à démêler les arrière-pensées idéologiques qui ont dicté le choix des mots. On cherche aussi à esquisser ce que pourrait être, sinon une vraie terminologie scientifique, du moins un langage plus ou moins objectif, qui permettrait de débattre vraiment sur les choses.
Car, à travers cette enquête sur les mots, on voit aussi apparaître, quoique sous une lumière insolite, toute l?histoire, la géographie, la situation linguistique et religieuse des Balkans, tous leurs problèmes politiques. Certaines leçons peuvent en être tirées. Exorciser, par une analyse objective, les illusions forgées par les nationalismes, et dénoncer les horreurs qui en découlent, ne doit pas conduire à sous-estimer les identités nationales, réalité profonde qui jouera nécessairement un rôle dans les états démocratiques à construire ou à consolider dans cette partie de l?Europe.
Quelles communautés humaines appelle-t-on une nation, un peuple, une ethnie ? Qu?entend-on par « autodétermination des peuples », « nettoyage ethnique », « langue serbo-croate » ? Quels groupes d?hommes sont nommés Bosniaques, Macédoniens, Valaques ? Quels territoires constituent la Moldavie ou le Kosovo ? Pourquoi telle bourgade bulgare a-t-elle, en un siècle, porté successivement quatre noms différents ? Chacune de ces questions, avec des dizaines d?autres du même genre, est étudiée dans son contexte historique proche et lointain, en se référant, si nécessaire, aux langues d?origine, et en cherchant à démêler les arrière-pensées idéologiques qui ont dicté le choix des mots. On cherche aussi à esquisser ce que pourrait être, sinon une vraie terminologie scientifique, du moins un langage plus ou moins objectif, qui permettrait de débattre vraiment sur les choses.
Car, à travers cette enquête sur les mots, on voit aussi apparaître, quoique sous une lumière insolite, toute l?histoire, la géographie, la situation linguistique et religieuse des Balkans, tous leurs problèmes politiques. Certaines leçons peuvent en être tirées. Exorciser, par une analyse objective, les illusions forgées par les nationalismes, et dénoncer les horreurs qui en découlent, ne doit pas conduire à sous-estimer les identités nationales, réalité profonde qui jouera nécessairement un rôle dans les états démocratiques à construire ou à consolider dans cette partie de l?Europe.