Après Dieu, un itinéraire, Régis Debray élargit son terrain d'enquête et radicalise sa démarche, pour mettre au jour les fondamentaux de l'Homo religiosus. Avec un dieu, mille ou aucun. En Occident comme sous bien d'autres latitudes.
Le Feu sacré sera foyer ou volcan, domestique ou sauvage, vivifiant ou mortifère. Qu'on le maudisse ou l'adore - l'un n'exclut pas l'autre - le fait est qu'il est bien là. Au coeur de la cité des hommes, avec ses intermittences et ses ambivalences. Car les fanatiques sont aussi dévoués, et les identitaires, courageux. Rien n'est simple.
Les religions, quel intérêt ? Que peut-on en faire et comment les penser ? Si la question devient cruciale et fiévreuse, la réponse demande du temps, du calme et du champ. Elle impose d'examiner sans oeillères les fonctions vitales, sociales et psychologiques qu'elles remplissent dans l'histoire, nos coeurs et notre esprit. C'est ce que fait l'auteur ici, sans sectarisme ni prosélytisme, sur pièces et documents en mains.
Et le lecteur de faire une découverte étrange, qui peut intéresser incroyants et croyants : le sacré comme voie d'accès au profane. L'imaginaire, comme porte d'entrée dans le réel. Pour comprendre, sans flou ni grandiloquence, ce qu'il en est précisément de la fraternité, de la guerre, de l'identité d'un être humain et de notre soif de réconciliation, autant que pour apprécier le journal du jour, rien de tel que de se mettre à la dure école du fait religieux. Avec son mentir-vrai, il passe nos rêves et nos chimères au crible de la pratique.
Régis Debray, auteur d'un rapport au ministère de l'Education sur l'enseignement du fait religieux à l'Ecole laïque, préside le comité de direction de l'Institut européen en sciences des religions, auprès de l'Ecole pratique des hautes études.