La décentralisation est-elle le bouleversement annoncé et attendu?
Elle devait remettre en cause les équilibres traditionnels du pouvoir local, mettre à bas le mythe de l'Etat tout-puissant, ébaucher une nouvelle citoyenneté locale. Or, les principales figures de la vie locale sont toujours en place, et le lent mouvement qui aligne progressivement les débats locaux sur les enjeux nationaux se poursuit d'élections en élections.
Le changement a-t-il échoué? Pour répondre à cette question, il fallait aller y voir de plus près. C'est l'objet de ce livre, le premier à présenter une analyse d'ensemble de la réforme, à partir d'une enquête menée auprès d'acteurs et d'observateurs présents sur le terrain. De ce tour de France en décentralisation, les premières conclusions sont nettes: dans les principaux domaines qui touchent à la vie quotidienne, le changement est réel, même si il demeure encore inégal, et n'est pas toujours assumé par les élus. Le temps des préfets seuls maîtres à bord est révolu. Commence celui des grands élus.
Le mouvement est lancé, mais la place des citoyens dans l'ensemble ainsi redessiné demeure incertaine. De là vient sans doute que la réforme a moins mobilisé l'opinion que la classe politique. Faite par des élus pour des élus, et pour faire de grands élus, elle leur accorde la plus belle part, et ignore les corps intermédiaires locaux.
Les citoyens sont conviés au sacre de leurs notables. S'en contenteront-ils?
Jacques Rondin est haut fonctionnaire et sociologue.
Elle devait remettre en cause les équilibres traditionnels du pouvoir local, mettre à bas le mythe de l'Etat tout-puissant, ébaucher une nouvelle citoyenneté locale. Or, les principales figures de la vie locale sont toujours en place, et le lent mouvement qui aligne progressivement les débats locaux sur les enjeux nationaux se poursuit d'élections en élections.
Le changement a-t-il échoué? Pour répondre à cette question, il fallait aller y voir de plus près. C'est l'objet de ce livre, le premier à présenter une analyse d'ensemble de la réforme, à partir d'une enquête menée auprès d'acteurs et d'observateurs présents sur le terrain. De ce tour de France en décentralisation, les premières conclusions sont nettes: dans les principaux domaines qui touchent à la vie quotidienne, le changement est réel, même si il demeure encore inégal, et n'est pas toujours assumé par les élus. Le temps des préfets seuls maîtres à bord est révolu. Commence celui des grands élus.
Le mouvement est lancé, mais la place des citoyens dans l'ensemble ainsi redessiné demeure incertaine. De là vient sans doute que la réforme a moins mobilisé l'opinion que la classe politique. Faite par des élus pour des élus, et pour faire de grands élus, elle leur accorde la plus belle part, et ignore les corps intermédiaires locaux.
Les citoyens sont conviés au sacre de leurs notables. S'en contenteront-ils?
Jacques Rondin est haut fonctionnaire et sociologue.