Jacques Chirac rencontre en 1992, à l'île Maurice, le marchand et « expert en arts primitifs » Jacques Kerchache. Le destin de plusieurs grands musées nationaux allait en être bouleversé. À la suite des grands travaux lancés par François Mitterrand, Jacques Chirac, une fois élu président de la République en 1995, souhaite laisser lui aussi sa marque dans le Paris muséal du nouveau millénaire : il décide de créer un musée qui sera consacré à ces arts dits « premiers », à ces « chefs-d'oeuvre de l'Humanité » qui n'avaient pas eu droit à une présentation dans le Grand Louvre.
?Onze ans plus tard, voici que se dresse au bord de la Seine, en zone inondable, un palais dessiné par Jean Nouvel. Dans une débauche de luxe, entourés d'images et de « dispositifs interactifs », 4 000 objets sont exposés à l'admiration et à la « jouissance esthétique » des futurs et nombreux visiteurs. Indéniablement, ils sont mis en valeur: pour chaque pièce présentée, 100 000 euros auront été dépensés, auxquels il convient d'ajouter 12 500 euros de fonctionnement annuel.
?Le nouveau musée est superbe. Mais fallait-il dépenser autant d'argent, et surtout tiendra-t-il ses promesses ?
?Qui rappellera dans quelles circonstances il a été pensé et construit ? Que, dénué de toute équipe scientifique, il est avant tout un établissement public « à caractère administratif ». Qu'il a été édifié sur les patrimoines de deux musées mis à mort, le musée national des Arts africains et océaniens et le musée de l'Homme, que leurs collections fabuleuses (plus de 300 000 objets), qui constituent un pan de l'histoire de l'ethnologie et de l'anthropologie françaises, ont été mises en caisse et ne sont plus accessibles ni aux chercheurs ni au public.
?Au prétexte d'en finir avec un supposé « mépris des autres civilisations » qu'auraient manifesté les musées nationaux depuis des décennies, c'est la connaissance des arts et civilisations africains et océaniens - principalement - qui a été sacrifiée. II se pourrait que certaines considérations post-coloniales et politiques, que des luttes de pouvoir et d'influence entre administrations aient conduit à la réalisation d'une grande et coûteuse aberration.
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?Onze ans plus tard, voici que se dresse au bord de la Seine, en zone inondable, un palais dessiné par Jean Nouvel. Dans une débauche de luxe, entourés d'images et de « dispositifs interactifs », 4 000 objets sont exposés à l'admiration et à la « jouissance esthétique » des futurs et nombreux visiteurs. Indéniablement, ils sont mis en valeur: pour chaque pièce présentée, 100 000 euros auront été dépensés, auxquels il convient d'ajouter 12 500 euros de fonctionnement annuel.
?Le nouveau musée est superbe. Mais fallait-il dépenser autant d'argent, et surtout tiendra-t-il ses promesses ?
?Qui rappellera dans quelles circonstances il a été pensé et construit ? Que, dénué de toute équipe scientifique, il est avant tout un établissement public « à caractère administratif ». Qu'il a été édifié sur les patrimoines de deux musées mis à mort, le musée national des Arts africains et océaniens et le musée de l'Homme, que leurs collections fabuleuses (plus de 300 000 objets), qui constituent un pan de l'histoire de l'ethnologie et de l'anthropologie françaises, ont été mises en caisse et ne sont plus accessibles ni aux chercheurs ni au public.
?Au prétexte d'en finir avec un supposé « mépris des autres civilisations » qu'auraient manifesté les musées nationaux depuis des décennies, c'est la connaissance des arts et civilisations africains et océaniens - principalement - qui a été sacrifiée. II se pourrait que certaines considérations post-coloniales et politiques, que des luttes de pouvoir et d'influence entre administrations aient conduit à la réalisation d'une grande et coûteuse aberration.
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