Toujours placés, jamais gagnants. Railler ainsi les centristes procure une intense jubilation à tous ceux que rassure le simplisme binaire du droite-gauche.
Pourtant, depuis deux siècles, cela n’a jamais découragé ces entêtés du gouverner au mieux. De Mirabeau à Jules Ferry, de Marc Sangnier à Jean Lecanuet, de François Guizot à Raymond Barre, leur ambition commune, ici racontée par Jean-Pierre Rioux, a été de faire progresser la démocratie et l’État de droit. En préférant le contrat au fracas, le rassemblement à l’exclusion, la reconstruction à la table rase et, surtout, les valeurs aux idéologies.
À cette obsession du « bon gouvernement », Jean-Pierre Rioux donne à la fois sa profondeur historique et sa pertinence actuelle. Souvenons-nous que, le 22 avril 2007, 7 millions de citoyens ont voté pour François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle. Qui peut douter qu’en 2012, ces avocats inlassables de la réconciliation, de la liberté, de l’équité et de la solidarité sauront se faire entendre ?
La notoriété de Jean-Pierre Rioux, directeur de Vingtième Siècle. Revue d’histoire et collaborateur à La Croix, est établie de longue date. Parmi ses derniers ouvrages, on signalera Au bonheur de France (Perrin, 2004), Dictionnaire de la France coloniale (Flammarion, 2007), Jean Jaurès (Perrin, « Tempus », 2008) et La France perd la mémoire (Perrin, « Tempus », 2010).