Soixante-dix ans seulement nous séparent de la bataille de Stalingrad qui fit 750 000 morts en six mois. C’était hier, et pourtant, l’ampleur du carnage subi par l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale semble appartenir à un autre temps : 30 millions de Soviétiques furent mobilisés ; 27 millions tués, dont 8 millions dans les rangs de l’armée. Catherine Merridale raconte cette guerre du point de vue du fantassin soviétique, du simple soldat envoyé au front avec un armement et une formation sommaires pour arrêter les chars allemands. Cette étude minutieuse, qui cherche à lever le voile du mythe glorieux de la guerre et de la propagande stalinienne, est avant tout une histoire d’hommes.
En plus des centaines de témoignages de rescapés recueillis, l’auteur a consulté, grâce à l’ouverture des archives soviétiques, les lettres des soldats envoyées à leurs familles, leurs journaux intimes, les archives de la police secrète, les rapports des instructeurs politiques, les chants, et les poésies du front.
Sur fond de purges et d’embrigadement, de désertions, de désespoir, de pillages mais aussi de fierté nationale, ce livre émouvant et captivant révèle une dimension largement inconnue de la Seconde Guerre mondiale, habituellement dominée par l'historiographie du front ouest.
Catherine Merridale, professeur d'histoire contemporaine à l’université de Londres (Department of History), a déjà publié un livre sur la mort en Russie, Night of Stone, encensé par la critique.
Traduit de l’anglais par Odile Demange.