Notre âge est celui des nations: en moins d'un demi-siècle, le fait national, issu de l'Europe occidentale, a achevé de conquérir la Terre. Mais en Occident l'idée nationale a précédé les réalités: la France, l'Angleterre ont été des nations, ont vécu dans l'âme de leur peuple bien avant de fonctionner comme des organismes solidaires, et ceux-ci se sont peu à peu soudés.
Sur les autres rives de la Méditerranée et dans le Moyen-Orient, l'émergence des entités nationales se heurte à la concurrence d'une idéologie universaliste toujours active, la foi musulmane, voire à l'obstacle supplémentaire de l'arabisme, plus ou moins confondu avec elle. Leur construction ne peut se fonder que sur des réalités concrètes et sous la pression de leurs exigences. Mais celles-ci s'expriment dans le cadre d'une fragmentation territoriale, héritée de la dislocation de l'Empire Ottoman et de la décolonisation, qui révèle de multiples affrontements, produits des ségrégations géographiques, confessionnelles ou ethniques inhérentes à la structure et à la répartition des pouvoirs dans l'aire socioculturelle de l'Islam.
De l'Idéal ou du Réel, lequel l'emportera? Le " creuset " d'où peut jaillir la nation exige ici, pour son fonctionnement, un équilibre harmonieux des genres de vie, une certaine densité des liaisons; il suppose des réseaux organisés de hiérarchisation et d'intégration couvrant l'espace sans coupures brutales.
L'analyse géographique est indispensable pour apprécier la solidité et l'extension de ces forces unitaires ou, inversement, la profondeur des lignes de fracture. C'est la démarche proposée par ce livre.
Xavier de Planhol, professeur à l'université de Paris-Sorbonne (chaire de géographie de l'Afrique Blanche et du Moyen-Orient), est membre de l'Academia Europaea et de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer.
Sur les autres rives de la Méditerranée et dans le Moyen-Orient, l'émergence des entités nationales se heurte à la concurrence d'une idéologie universaliste toujours active, la foi musulmane, voire à l'obstacle supplémentaire de l'arabisme, plus ou moins confondu avec elle. Leur construction ne peut se fonder que sur des réalités concrètes et sous la pression de leurs exigences. Mais celles-ci s'expriment dans le cadre d'une fragmentation territoriale, héritée de la dislocation de l'Empire Ottoman et de la décolonisation, qui révèle de multiples affrontements, produits des ségrégations géographiques, confessionnelles ou ethniques inhérentes à la structure et à la répartition des pouvoirs dans l'aire socioculturelle de l'Islam.
De l'Idéal ou du Réel, lequel l'emportera? Le " creuset " d'où peut jaillir la nation exige ici, pour son fonctionnement, un équilibre harmonieux des genres de vie, une certaine densité des liaisons; il suppose des réseaux organisés de hiérarchisation et d'intégration couvrant l'espace sans coupures brutales.
L'analyse géographique est indispensable pour apprécier la solidité et l'extension de ces forces unitaires ou, inversement, la profondeur des lignes de fracture. C'est la démarche proposée par ce livre.
Xavier de Planhol, professeur à l'université de Paris-Sorbonne (chaire de géographie de l'Afrique Blanche et du Moyen-Orient), est membre de l'Academia Europaea et de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer.