Deux millions de protestants à la mort de Calvin, un peu plus d'un million sous Henry IV. L'histoire des réformés dans la France du XVIe siècle est, d'une certaine façon, un échec.
Isolée dans une France majoritairement catholique, la communauté protestante s'organise rapidement selon l'ordre politique préconisé par le réformateur. Mais il n'est pas facile d'appartenir à l'Eglise minoritaire. Face à la montée de l'intolérance, dès les premières persécutions déclenchées par François Ier et Henri II, les gentilshommes huguenots transforment le protestantisme en parti guerrier. Dès lors, les simples croyants sont entraînés dans des luttes qui les dépassent. Ce sera quarante ans de guerres de religion auxquelles l'édit de Nantes, venant après une douzaine d'éphémères traités de paix, mettra enfin un terme. Sur cet échiquier tragique, on imagine le désarroi des plus faibles et le courage de ceux qui ne renoncent pas.
Et pourtant un million de protestants demeure. Ils ont la certitude d'appartenir à une race de pionniers ou de rénovateurs, une race qui pourfend l'impureté et le mensonge. Mais ils savent aussi qu'ils ne peuvent s'appuyer que sur eux-mêmes pour accomplir cette tâche gigantesque: changer l'être humain. Et en ce sens Calvin et ses héritiers spirituels ont été des prophètes: l'éducation protestante familiale et scolaire modela des hommes nouveaux tournant résolument le dos au Moyen Age et dont les valeurs se révèlent, aujourd'hui encore, modernes et efficaces.
Janine Garrisson, spécialiste d'histoire moderne, est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire politique et religieuse du XVIe siècle.
Isolée dans une France majoritairement catholique, la communauté protestante s'organise rapidement selon l'ordre politique préconisé par le réformateur. Mais il n'est pas facile d'appartenir à l'Eglise minoritaire. Face à la montée de l'intolérance, dès les premières persécutions déclenchées par François Ier et Henri II, les gentilshommes huguenots transforment le protestantisme en parti guerrier. Dès lors, les simples croyants sont entraînés dans des luttes qui les dépassent. Ce sera quarante ans de guerres de religion auxquelles l'édit de Nantes, venant après une douzaine d'éphémères traités de paix, mettra enfin un terme. Sur cet échiquier tragique, on imagine le désarroi des plus faibles et le courage de ceux qui ne renoncent pas.
Et pourtant un million de protestants demeure. Ils ont la certitude d'appartenir à une race de pionniers ou de rénovateurs, une race qui pourfend l'impureté et le mensonge. Mais ils savent aussi qu'ils ne peuvent s'appuyer que sur eux-mêmes pour accomplir cette tâche gigantesque: changer l'être humain. Et en ce sens Calvin et ses héritiers spirituels ont été des prophètes: l'éducation protestante familiale et scolaire modela des hommes nouveaux tournant résolument le dos au Moyen Age et dont les valeurs se révèlent, aujourd'hui encore, modernes et efficaces.
Janine Garrisson, spécialiste d'histoire moderne, est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire politique et religieuse du XVIe siècle.