Villes vivantes, villes de la Vénétie ou de la Lombardie, de la Toscane ou de l’Ombrie, villes médiévales… Florence et Venise, Bologne et Milan, Rome et Sienne, Pérouse et Trévise, les villes d’Italie animèrent une aventure d’une extraordinaire intensité : l’aventure d’agglomérations en mouvement, lancées à la conquête de leurs campagnes proches ou d’espaces économiques plus lointains, riches d’activités quotidiennes comme de leur implication dans les échanges internationaux. L’histoire de cités actives et peuplées, singulières et dominantes qui se construisirent et s’embellirent dans le bruit et la poussière des chantiers, dans les flux des hommes, des marchandises et des capitaux, dans l’action des élites qui les gouvernaient et le travail de tous ceux qui œuvraient au dégagement des rues ou à l’édification des premiers palais.
Au temps de l’expansion économique et de la croissance démographique, dans les décennies du grand bond en avant de l’Italie, à l’heure ensuite des difficultés, des adaptations et des reconversions, ce furent, pour Venise, Pise, Gênes ou
Pistoia, autant de défis à relever, de réponses à imaginer. Des défis synonymes d’approvisionnement en eau, de gestion des nuisances et des risques, de protection des métiers urbains,des réponses qui s’attachaient à la beauté des églises ou à la
préservation de la cohésion sociale.
De l’âge des communes au temps de la première Renaissance, Elisabeth Crouzet-Pavan analyse ici un fait urbain qui fut
exceptionnel dans le paysage de l’Europe occidentale. En portant le regard sur les groupes sociaux et les individus, les espaces ou les monuments, elle dépeint comment, dans les crises et les conflits autant que l’harmonie mais au gré d’une dynamique
toujours forte et d’une capacité d’invention, ces villes vécurent, villes réelles, villes rêvées, villes voulues, villes diverses, villes heureuses, villes malheureuses, villes vivantes… Des villes vivantes aussi parce que confrontées à bien des interrogations de la cité d’aujourd’hui…
Elisabeth Crouzet-Pavan est professeur d’histoire du Moyen Age à l’université de Paris-Sorbonne. Spécialiste de l’histoire de l’Italie, ses travaux portent sur les derniers siècles du Moyen Age et la Renaissance.