L'islam chi'ite a fait irruption dans notre culture lors de la Révolution iranienne de 1979. Il a suscité la fascination et l'enthousiasme de l'intelligentsia occidentale, puis la peur, la méfiance, l'indignation. Au Liban, où il représente un tiers de la population, il a été associé à de multiples effusions de sang pendant la guerre civile. En Irak, après la guerre du Koweit, un soulèvement désespéré de la majorité chi'ite a été durement réprimé. Aujourd'hui, chi'isme est devenu synonyme de violence: Hezbollah, Jehâd islamique, prise d'otages...
Le chi'isme n'est pas que cela. Né à la mort du Prophète, d'une querelle de succession qui opposait l'Imam Ali, écarté du pouvoir, à la majorité sunnite, il a développé une philosophie spéculative, une mystique visionnaire, comme s'il compensait dans l'ordre spirituel les désillusions de l'ordre temporel. Les croyances du chi'isme sont fondamentalement celles de l'islam _ unité de Dieu et prophétie de Mohammad _ mais, à la différence des sunnites, les chi'ites attendent le Douzième Imam qui viendra à la Fin des temps inaugurer un règne de justice et de vérité.
La théologie chi'ite parle du rapport de l'homme à Dieu, des rapports entre les hommes dans la cité d'ici-bas et aussi des rapports entre l'homme et la femme. Elle permet, voire encourage le mariage provisoire, que les ulémas nomment joliment le " mariage de plaisir ".
Le renouveau du chi'isme a été source de graves conflits et d'innombrables malentendus. Comment cette religion de salut, jalousement indépendante du pouvoir politique, a-t-elle pu servir d'idéologie pour une révolution? Le discours révolutionnaire des âyatollâhs ne fait-il pas oublier la spiritualité qui est à sa source? A l'issue d'une vaste enquête, ce livre montre le péril qui guette les religions universelles lorsqu'elles sont secouées par les mirages révolutionnaires.
Yann Richard, chercheur au CNRS, a été témoin de la Révolution iranienne et retourne depuis régulièrement en Iran.
Le chi'isme n'est pas que cela. Né à la mort du Prophète, d'une querelle de succession qui opposait l'Imam Ali, écarté du pouvoir, à la majorité sunnite, il a développé une philosophie spéculative, une mystique visionnaire, comme s'il compensait dans l'ordre spirituel les désillusions de l'ordre temporel. Les croyances du chi'isme sont fondamentalement celles de l'islam _ unité de Dieu et prophétie de Mohammad _ mais, à la différence des sunnites, les chi'ites attendent le Douzième Imam qui viendra à la Fin des temps inaugurer un règne de justice et de vérité.
La théologie chi'ite parle du rapport de l'homme à Dieu, des rapports entre les hommes dans la cité d'ici-bas et aussi des rapports entre l'homme et la femme. Elle permet, voire encourage le mariage provisoire, que les ulémas nomment joliment le " mariage de plaisir ".
Le renouveau du chi'isme a été source de graves conflits et d'innombrables malentendus. Comment cette religion de salut, jalousement indépendante du pouvoir politique, a-t-elle pu servir d'idéologie pour une révolution? Le discours révolutionnaire des âyatollâhs ne fait-il pas oublier la spiritualité qui est à sa source? A l'issue d'une vaste enquête, ce livre montre le péril qui guette les religions universelles lorsqu'elles sont secouées par les mirages révolutionnaires.
Yann Richard, chercheur au CNRS, a été témoin de la Révolution iranienne et retourne depuis régulièrement en Iran.