Dans son entreprise de fondation de la psychanalyse, Freud a voilé les liens qui l’unissaient à la religion juive. Pourtant certaines de ses intuitions ne sont compréhensibles qu’à la lumière des textes hébraïques. Tel est le point de départ de Gérard Haddad qui l’entraînera, au-delà de Freud, à émettre une hypothèse très neuve, déchiffrée dans les rites alimentaires juifs : l’acte originel qui détermine l’intégration de l’individu dans le groupe est un acte de dévoration très particulier puisqu’il s’agit de manger des mots organisés en Livre. Manger le Livre, voilà l’acte fondamental.
De surprenantes passerelles apparaissent entre l’eucharistie et les mythes culinaires bororos ou la dyslexie et les techniques publicitaires. Mais Gérard Haddad nous permet aussi de comprendre pourquoi et comment l’alcool intervient dans la création littéraire. Ibsen, Lowry et tant d’autres, nous révèlent le secret connu et masqué depuis qu’il y a des hommes : nous sommes tous des mangeurs de Livre.