À l’école, JP ne pige rien; à la maison, il traîne son ennui en évitant les claques de son père ou les vannes de ses cinq frères; dans son lit, la nuit, il ressasse ses frustrations, ses peurs, son envie d’en découdre avec la terre entière. Chez lui, cité des 4000 à La Courneuve, il a parfois l’impression que seul le vacarme peut venir à bout de sa solitude.
C’est avec ses potes que JP se sent enfi n exister. Toujours ensemble, toujours dans la surenchère, toujours plus aveuglés par un sentiment d’impunité, ils aiment jouer les durs, et surtout martyriser le premier de la classe: Barthélémy, un blondinet avec une tête de vainqueur.
La bande grandit, se disloque, les copains s’en sortent plus ou moins, trouvent du boulot, tombent amoureux. JP est à la
traîne. Du boulot, il en a, mais minable. Quant à tomber amoureux, impossible: JP ne connait des femmes que les mères
exténuées ou les actrices des pornos. Alors rien ne l’apaise. Ses terreurs d’enfant dégénèrent en obsessions, la cruauté mentale et la tyrannie sexuelle occultent la misère affective. Il faut que JP se défoule. Ça tombe bien, Barthélémy repasse par là.
Sébastien Marnier a grandi en banlieue parisienne. Scénariste et réalisateur, il commencera à l’automne 2011 le tournage de son premier long-métrage, après avoir, entre autres, participé à l’élaboration de Polissons et galipettes, un documentaire sur la pornographie des années vingt. Avec Mimi, il signe un premier roman qui donne corps aux pires hantises imposées par l’époque.